Ils photographient une planète autour de la paire d’étoiles la plus massive à ce jour

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Crédits : ESO/L. Calçada

Des astronomes s’appuyant sur le Very large Telescope de l’ESO ont pu imager directement la présence d’une planète géante autour d’un système d’étoiles massives et ultra-chaudes visible à l’œil nu. Jusqu’à présent, nous pensions que des mondes ne pouvaient pas évoluer autour de tels objets.

Une géante parmi les géantes

Situé à environ 325 années-lumière de la Terre dans la constellation du Centaure, le système à deux étoiles b Centauri (ou HIP 71865) totalise environ six masses solaires. Comme la plupart des étoiles massives, ces deux objets sont également très chauds. En effet, son étoile principale est une étoile de type B trois fois plus chaude que le Soleil. En raison de sa température intense, elle émet ainsi de grandes quantités de rayonnement ultraviolet et de rayons X dans son environnement.

La masse importante et la chaleur de ce type d’étoiles ont donc un fort impact sur le gaz environnant. Ces conditions sont telles que jusqu’à présent, nous pensions la formation et l’évolution de planètes impossible dans ces systèmes. C’est pourtant le cas, en témoigne cette nouvelle découverte publiée dans Nature.

En s’appuyant sur le Very large Telescope de l’ESO, des astronomes ont récemment isolé la présence d’une planète au moins dix fois plus massive que Jupiter. Ce monde, l’un des plus gros jamais découverts, évolue à près de cent fois la distance séparant Jupiter du Soleil.

Jusqu’à présent, aucune planète n’avait été repérée autour d’une étoile plus de trois fois plus massive que la nôtre. Cette nouvelle découverte prouve ainsi que des planètes peuvent effectivement se former dans des systèmes stellaires où les conditions sont aussi sévères.

« Cette planète est un monde extraterrestre dans un environnement complètement différent de ce que nous vivons ici sur Terre et dans notre Système solaire« , souligne Gayathri Viswanath, de l’université de Stockholm et coauteur de ces travaux. « C’est un environnement rude, dominé par des radiations extrêmes, où tout est à une échelle gigantesque : les étoiles sont plus grosses, la planète est plus grosse et les distances sont plus grandes. »

La planète imagée directement

Grâce à la puissance du télescope, les chercheurs ont même pu obtenir une image de cette planète, visible ci-dessous.

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Sur cette image, la paire d’étoiles, qui a une masse totale d’au moins six fois celle du Soleil, est l’objet brillant dans le coin supérieur gauche. Ses anneaux ne sont que des artefacts optiques. La planète est visible sous la forme d’un point brillant en bas à droite du cadre. L’autre point lumineux de l’image (en haut à droite) est une étoile en arrière-plan. Crédits : ESO/Janson et coll.

Cette planète géante a pu être imagée grâce à l’instrument Spectro-Polarimetric High Contrast Exoplanet REsearch (ou SPHERE) monté sur le VLT de l’ESO, au Chili. En réalité, elle avait déjà été imagée il y a plus de vingt ans par un autre télescope. Seulement, à l’époque, elle n’avait pas été reconnue comme une planète.

À l’avenir, les astronomes aimeraient poursuivre ces observations au moyen du Télescope géant européen de l’ESO qui doit entamer ses observations en 2025. Les mises à niveau du VLT pourront également peut-être en dévoiler davantage sur la formation et les caractéristiques de ce monde pas comme les autres.