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Peut-on réellement se fier aux stimulants de type aphrodisiaque ?

La volonté de pimenter sa vie sexuelle n’est pas nouvelle, tout comme l’intérêt pour les stimulants amoureux. Néanmoins, peut-on réellement se fier à ces fameux aphrodisiaques ? Que dit la science aujourd’hui sur ce sujet ?

La neurobiologie à la rescousse

Un aphrodisiaque est une substance généralement naturelle ayant pour objectif de stimuler le désir sexuel. Parmi les aliments connus pour ces propriétés, nous retrouvons par exemple le safran, le gingembre, le cacao, les asperges, les huitres ou encore le ginseng. Il peut également être question d’une alchimie pour la préparation d’élixirs incluant des ingrédients spéciaux, comme du nectar d’insecte ou de la corne de rhinocéros.

De nos jours, la science et plus particulièrement la neurobiologie apportent des précisions sur le sujet, comme l’explique un article complet publié par le magazine Popular Science le 2 septembre 2024. Il faut savoir que depuis plus d’une cinquantaine d’années, la dopamine représentait la clé du plaisir. Ce neurotransmetteur est impliqué dans de nombreuses fonctions comme la cognition, le sommeil, la mémoire ou encore le plaisir. Pourtant, la réalité est un peu plus complexe, car la dopamine n’est pas vraiment au cœur du plaisir. Il s’agit en davantage d’un éclaireur qui pousse à la recherche du plaisir. En réalité, le plaisir est l’œuvre des systèmes opioïde et endocannabinoïde qui se trouvent dans le cerveau.

Le système opioïde est un réseau de neurotransmetteurs naturels essentiel dans l’apparition de sensations de plaisir et de récompense. Quant au système endocannabinoïde, il assure en partie diverses fonctions physiologiques comme la mémoire, le sommeil ou encore l’humeur. En somme, l’aphrodisiaque parfait n’existerait pas, car il devrait à la fois s’impliquer sur deux terrains : attiser le plaisir et décupler ce même plaisir. Or, ces deux notions concernent deux mécanismes cérébraux différents.

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Le gingembre, un rhizome célèbre pour ses propriétés aphrodisiaques. Crédits : dovis sangkuto / iStock

Des résultats différents selon les substances aphrodisiaques

Mais alors que valent les aphrodisiaques habituels ? Publiée dans la revue Sexual Medicine Reviews en 2015, une méta-analyse d’une cinquantaine d’études a donné des résultats très variés. Citons par exemple certaines plantes ou racines comme le ginkgo, le ginseng ou le maca, dont les effets sont prometteurs dans certains cas, mais non généralisables. Dans le cas d’autres ingrédients comme la yohimbine, le « mad honey » qui contient du nectar de rhododendron ou encore la mouche espagnole (Lytta vesicatoria), les chercheurs ont observé davantage de risques que de bénéfices. Par exemple, la yohimbine peut causer des insomnies et des palpitations cardiaques.

En réalité, les avancées les plus notables se trouvent du côté de l’industrie pharmaceutique, notamment avec le Viagra (sildénafil) pour les hommes. Il s’agit d’un aphrodisiaque physiologique capable d’améliorer la circulation sanguine au niveau du pénis. Chaque année, cette petite pilule bleue fait l’objet de millions de prescriptions rien qu’aux États-Unis. Chez les femmes concernées par le trouble du désir sexuel hypoactif, la flibanserine et le bremelanotide sont des pistes malgré la présence d’effets secondaires.

Ainsi, le parfait aphrodisiaque naturel semble être une chimère qui se heurte à la complexité de la biologie humaine. Le fait est que le désir sexuel repose sur un équilibre cérébral considéré comme fragile et toute perturbation semble aller avec son lot de conséquences. Par exemple, les agonistes dopaminergiques illustrent parfaitement le propos. Utilisées pour les patients atteints de la maladie de Parkinson, ces substances peuvent générer une hypersexualité chez certains patients. Cela implique donc de possibles dangers en ce qui concerne l’altération du système de récompense cérébral, notamment des risques tels que l’addiction.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.