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Peut-on réellement exploiter les mille milliards de dollars de platine se trouvant sur la Lune ?

Selon une récente étude canadienne, la Lune renfermerait une quantité importante de platine, un des métaux les plus précieux sur Terre. Néanmoins, toute exploitation de ce métal apporté par les astéroïdes se heurterait à un flou juridique international. 

Mille milliards de mille platine !

La Lune fait elle l’objet d’une véritable ruée vers l’or ? Si le satellite de la Terre ne contient pas d’or à proprement dit, d’autres ressources intéressantes s’y trouvent. Citons l’eau (sous forme de glace) et le régolithe lunaire (ou poussière lunaire), des éléments qui seraient intéressant d’exploiter en cas de construction d’une base permanente sur place. Pour l’heure, la ressource la plus convoitée n’est autre que l’hélium 3, un isotope non radioactif de l’hélium très rare sur Terre. Ce dernier permettrait de produire du carburant pour la fusion nucléaire et serait également utilisable dans de multiples domaines.

Cependant, une nouvelle ressource lunaire semble attirer l’attention des chercheurs : le platine. Plus résistant, plus lourd et plus précieux que l’or, le platine est utilisé en catalyse automobile, en joaillerie et dans d’autres domaines tels que la chimie (et pétrochimie) et l’électronique. Selon le chercheur indépendant Jayanth Chennamangalam basé à Vancouver (Canada), la Lune renfermerait pas moins de mille milliards de platine ou plutôt, de métaux de la famille du platine.

Existe t-il un potentiel commercial ? Dans le cadre de travaux à paraitre dans Planetary and Space Science, les chercheurs ont réalisé une modélisation afin d’évaluer le nombre de cratères lunaires formés par des astéroïdes métalliques et la quantité de ces astres ayant percuté la Lune à une vitesse suffisamment importante pour y avoir laissé du platine. Selon les résultats, 6 500 cratères de plus d’un km de diamètre – sur les 1,3 millions existants – présenteraient des traces de platines qu’il pourrait être rentable d’exploiter.

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Exploiter les ressources en platine de la Lune plutôt que celles des astéroïdes ?
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Un flou juridique à démêler

Les résultats de l’étude pourraient logiquement intéresser de nombreux états et autres industriels. De plus, les auteurs de ces travaux ont affirmé qu’il était plus évident d’exploiter les ressources en platine de la Lune que celles présentes sur les astéroïdes, ces derniers étant plus éloignés et donc, moins faciles d’accès. Néanmoins, la situation n’est pas aussi simple d’un point de vue juridique. 

En cause ? Le traité sur l’espace de 1967. Aujourd’hui, 116 pays sont « parties au traité », tandis que 22 autres l’ont signé mais n’ont pas achevé sa ratification. Le document stipule que l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’une appropriation nationale par revendication de souveraineté, par usage, occupation ou tout autre moyen. Cependant, la loi reste assez floue en ce qui concerne l’extraction de ressources mais également, l’une occupation d’un astre sur le long terme ou encore, au niveau du partage équitable des bénéfices et des questions d’ordre environnemental. Il est également possible d’évoquer les accords Artemis instigués par les États-Unis en 2020 , bien que leur portée soit limitée en raison de l’absence de la Chine et de la Russie.

Malgré le flou juridique actuel, plusieurs projets privés ayant pour but l’exploitation de la Lune font régulièrement leur apparition. Or, dans ce contexte, il est de plus en plus souhaitable que les grandes puissances spatiales se mettent une bonne fois pour toutes d’accord sur une clarification des textes.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.