Un pétrolier abandonné transportant plus de 180 000 tonnes de pétrole risque de déverser sa cargaison toxique en pleine mer Rouge, avertissent des chercheurs. Ces derniers exhortent les Nations Unies de s’attaquer à la menace imminente malgré les tensions politiques dans la région.
Le FSO Safer est un ancien pétrolier utilisé dans les années 89/90 comme unité flottante de stockage et de déchargement. Abandonné depuis plusieurs années en raison de la guerre civile au large du port de Hudaydah, au Yémen, qui est actuellement contrôlé par le mouvement insurgé Houthi, il transporte encore aujourd’hui toute sa cargaison : l’équivalent d’1,14 million de barils.
D’après un récent rapport, le bâtiment de 362 mètres de long, usé par le temps et le manque d’entretien, représente aujourd’hui une trop grande menace, avec le potentiel de créer l’une des plus importantes marées noires de toute l’histoire. Certains experts en environnement ont même comparé le Safer à une véritable « bombe flottante ».
Le moment est venu d’agir
Les navires de stockage comme celui-ci utilisent généralement des chambres à gaz inerte pour empêcher la combustion du pétrole ou des vapeurs d’huile à bord. Cependant, le niveau de détérioration avancé du navire signifie que certaines de ses chambres à gaz se sont probablement évacuées, ce qui augmente le risque d’explosion.
À terme, les plaques métalliques vieillissantes pourraient également céder. D’ailleurs, en mai dernier, de l’eau de mer s’était déjà infiltrée dans le compartiment moteur du navire. Les médias locaux avaient également évoqué la présence d’une « tache d’huile » à côté du pétrolier.
« Le moment est venu d’agir. Nous devons empêcher une dévastation potentielle des eaux de la région, ainsi que des moyens de subsistance et de la santé de millions de personnes vivant dans une demi-douzaine de pays le long de la côte de la mer Rouge », a déclaré Karine Kleinhaus, de l’Université de Stony Brook et principale auteure de l’article.
La chercheuse rappelle également que la mer Rouge est un immense foyer de biodiversité, abritant d’importantes communautés coralliennes particulièrement résistantes à l’augmentation des températures océaniques. Pour cette raison, certains ont imaginé que ces organismes puissent être utilisés pour ensemencer des récifs du monde entier actuellement en grande difficulté à cause raison du réchauffement climatique.
La publication de ce rapport fait suite à une annonce, publiée le 24 novembre par le New York Times, selon laquelle les Houthis yéménites autoriseraient enfin une équipe des Nations Unies (ONU) à inspecter le navire dans un proche avenir. Une première opération devrait pouvoir être opérée dès le mois de janvier prochain.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Frontiers in Marine Science.