Pour échapper à ses prédateurs, ce petit poisson dispose d’une arme de choix : il les shoote !

Les scientifiques ont découvert un venin chimique unique chez meiacanthus atrodorsalis, un petit poisson tropical. Contrairement à la plupart des créatures venimeuses, ce poisson n’use pas de son venin pour capturer ses proies, mais pour échapper à ses prédateurs en les « shootant ».

Meiacanthus atrodorsalis est une espèce de poisson d’eau de mer de la famille des Blenniidae qui se rencontre dans les récifs de l’ouest du Pacifique. Ne mesurant qu’une dizaine de centimètres, ils sont populaires dans les aquariums, mais abritent pourtant un secret d’évolution fascinante. Dans la nature, contrairement aux aquariums, meiacanthus atrodorsalis est constamment sous la menace de prédateurs. Pour se défendre, ce petit poisson dispose d’une arme de choix : des crocs situés sur la mâchoire inférieure qui délivrent un venin particulier : un cocktail chimique chargé de peptides opioïdes, que l’on retrouve notamment dans la morphine, ou l’héroïne.

Il existe au moins 2 500 poissons venimeux dans la nature, la plupart délivrant du venin par des épines situées sur leurs nageoires, queue, ou dos. Ils ont au moins le point commun d’infliger par leurs mixtures une douleur atroce à leurs proies ou adversaires. Mais le venin de meiacanthus atrodorsalis est totalement différent. Notre petit poisson des tropiques fait ainsi partie du club très fermé des deux espèces de poissons (l’autre est une anguille) qui injectent le venin par morsure, comme un serpent le ferait. Et non seulement son venin n’inflige aucune douleur – mais il contient en plus des hormones opioïdes qui agissent comme anti-douleurs.

« Son venin est chimiquement unique. Ce poisson injecte à d’autres poissons un venin rempli de peptides opioïdes qui agissent comme l’héroïne ou la morphine, en inhibant la douleur plutôt que de la provoquer« , explique Brian Fry, de l’Université du Queensland en Australie, et principal auteur de cette étude publiée dans la revue Current Biology.

CT scan of a venomous fang blenny/Anthony Romilio

En revanche, ce venin n’agirait pas comme pourrait le faire la morphine ou l’héroïne chez l’Homme une fois libéré dans le cerveau. Au lieu de cela, les chercheurs pensent que le venin bloque la tension artérielle du prédateur, ce qui le rend faible et étourdi, l’obligeant ainsi à desserrer son emprise et à laisser échapper sa proie.

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