Il n’était pas très grand, mais ce lézard du Trias avait une morsure redoutable

Cryptovaranoides microlanius lézard
Illustration de Cryptovaranoides microlanius. Crédits : Lavinia Gandolfi

Une équipe de paléontologues décrit la découverte d’un ancien lézard muni jadis de dents aussi acérées que des couteaux de boucher. L’animal, qui pouvait tenir dans la paume de votre main, est si vieux qu’il repousse les origines des squamates de plus de trente millions d’années. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science Advances.

Plus de 60 ans dans un tiroir

Les mammifères, les oiseaux et les squamates (lézards, serpents et apparentés) sont des vertébrés vivants clés. La compréhension de leur évolution sous-tend donc des questions importantes en science de la biodiversité. Alors que les origines des mammifères et des oiseaux sont relativement bien comprises, les racines des squamates, un clade avec plus de 11 000 espèces existantes et le plus grand ordre de reptiles, sont restées obscures, d’où l’intérêt de cette nouvelle découverte.

Des paléontologues ont récemment identifié les restes fossilisés du petit lézard aux dents de rasoir incrustés dans une roche conservée dans un entrepôt du Musée d’histoire naturelle de Londres. Le spécimen avait été extrait d’une carrière près de Bristol, en Angleterre, dans les années 1950. À l’époque, le fossile avait été mal étiqueté. Il était depuis tombé dans l’oubli.

Dans le cadre de ces nouveaux travaux, des chercheurs ont réanalysé le fossile avec des techniques modernes qui ont permis d’en apprendre beaucoup plus à son sujet. Ces restes comprenaient un squelette partiel, un crâne (environ trois centimètres) et des mandibules. En raison de la petite taille du fossile, les chercheurs ont dû utiliser des techniques non invasives. De telles méthodes n’existaient dans les années 50.

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Une vue latérale du crâne et des dents acérées du lézard. Crédits : David Whiteside, Sophie Chambi-Trowell et Mike Benton/Musée d’histoire naturelle de Londres

L’un des premiers squamates

Une tomodensitométrie a permis de confirmer qu’il s’agissait d’un squamate. D’après les examens, ce petit lézard aurait vécu il y a environ 202 millions d’années, soit vers la fin du Trias. Selon une reconstruction 3D, ce lézard aurait mesuré environ vingt-cinq centimètres de long. Sa queue représentait environ la moitié de cette longueur.

Malgré la petite taille du lézard, ses dents acérées auraient livré une redoutable morsure. C’est d’ailleurs cette perspective qui a mené les paléontologues à le nommer Cryptovaranoides microlanius. Pour simplifier, le nom de l’espèce signifie « petit boucher ». À son époque, l’animal se nourrissait probablement d’arthropodes et de petits vertébrés sur les îles riches en calcaire qui entouraient autrefois la région de Bristol.

L’âge de C. microlanius réécrit également les origines des lézards et des serpents modernes, révélant que les squamates étaient vivants plus de trente millions d’années plus tôt qu’on ne le pensait auparavant.