Alors que les traitements actuels contre l’obésité imposent de lourds sacrifices – nausées permanentes, perte d’appétit ou effets secondaires dangereux – des scientifiques uruguayens viennent de briser ce cercle vicieux. Leur nouveau médicament SANA fait perdre du poids en boostant le métabolisme, sans toucher à l’appétit ni à la masse musculaire. Une approche qui pourrait enfin réconcilier efficacité et bien-être.
L’impasse des traitements actuels
Le marché de la perte de poids regorge de solutions imparfaites. D’un côté, les brûle-graisses traditionnels provoquent souvent tremblements, palpitations et insomnies. De l’autre, les nouveaux « médicaments miracle » comme Ozempic transforment les patients en zombies sans appétit, victimes de nausées constantes et de fonte musculaire.
Cette réalité frustrante a poussé une équipe de l’Institut Pasteur de Montevideo et de l’Université de la République à explorer une troisième voie. Plutôt que de forcer le corps à moins manger ou de le stimuler dangereusement, pourquoi ne pas simplement optimiser sa capacité naturelle à brûler les graisses ?
Une révolution métabolique
Leur création, baptisée SANA, révolutionne l’approche de la perte de poids grâce à un mécanisme inédit de thermogenèse. Le médicament transforme littéralement le corps en four à calories en forçant les cellules graisseuses à libérer leur énergie sous forme de chaleur. Cette combustion interne se produit en permanence, même au repos, sans intervention consciente du patient.
L’innovation majeure ? Cette accélération métabolique n’interfère absolument pas avec les signaux de faim et de satiété. Les patients continuent de manger normalement, de ressentir le plaisir alimentaire, tout en brûlant davantage de calories à chaque instant.
Carlos Escande, chercheur clé du projet, souligne que cette approche « complète les thérapies GLP-1 mais se concentre sur l’amélioration de la capacité de combustion d’énergie du corps plutôt que sur la simple suppression de l’appétit. »
Des résultats sans compromis
Les premiers essais cliniques sur 44 volontaires, dont les résultats sont publiés dans Nature Metabolism, ont confirmé cette promesse révolutionnaire. En seulement deux semaines, les participants recevant la dose maximale ont perdu 3% de leur poids corporel – un résultat comparable aux meilleurs traitements actuels.
Mais la vraie victoire réside dans ce qui ne s’est PAS produit : aucune nausée, aucune perte d’appétit, aucune fonte musculaire. Les analyses ont même révélé une préservation totale de la masse maigre, un exploit que ne réalisent ni les régimes drastiques ni les coupe-faim modernes.
Cette préservation musculaire change tout. Quand les traitements classiques affaiblissent le métabolisme en détruisant les muscles, SANA le renforce en les préservant. Une approche qui promet une perte de poids durable plutôt qu’un yo-yo perpétuel.
Les analyses sanguines ont également montré une amélioration significative de la glycémie, ouvrant des perspectives enthousiasmantes pour les millions de diabétiques de type 2 qui cumulent surpoids et troubles métaboliques.

Le secret d’une molécule naturelle
Derrière cette prouesse se cache plus d’une décennie de recherches sur le nitroalcène, une molécule dérivée du salicylate – le composé actif de l’aspirine. Cette origine naturelle explique en partie l’excellent profil de sécurité observé lors des essais.
Contrairement aux stimulants synthétiques qui bouleversent l’organisme, le nitroalcène semble activer des mécanismes métaboliques naturels de manière ciblée et contrôlée. Une approche qui respecte la physiologie plutôt que de la contraindre.
Un modèle d’innovation responsable
Au-delà de ses promesses thérapeutiques, SANA illustre comment l’innovation peut naître loin des laboratoires des géants pharmaceutiques. L’Uruguay, avec ses 3,5 millions d’habitants, vient de démontrer que la créativité scientifique n’a pas de frontières.
Le projet, mené par la start-up Eolo Pharma, a intelligemment combiné financement public et investissement privé. Cette approche équilibrée a permis de maintenir l’excellence scientifique tout en créant une dynamique économique locale.
L’avenir de la perte de poids se dessine
Les essais de phase 2, prévus avant la fin de l’année, incluront un panel élargi avec des patients diabétiques. Si les résultats confirment ces premiers succès, SANA pourrait révolutionner la prise en charge mondiale de l’obésité.
L’approche complémentaire aux traitements existants ouvre des perspectives de médecine personnalisée : certains patients pourraient bénéficier de régulateurs d’appétit, d’autres d’activateurs métaboliques, selon leurs besoins spécifiques.
Pour des millions de personnes en surpoids, SANA représente l’espoir de retrouver un poids santé sans sacrifier leur qualité de vie. Une révolution qui prouve qu’efficacité et bien-être ne sont plus incompatibles.
