Une « persistance inattendue » de résidus de pesticides dans les sols français

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Suite à une étude pilote menée en France, des chercheurs ont récemment fait une révélation assez inquiétante. Leurs résultats font en effet état d’une « persistance inattendue » des résidus de pesticides dans la quasi-totalité des 47 sites étudiés entre 2019 et 2021 dans notre pays.

Un constat préoccupant concernant les pesticides en France

En 2022, une entreprise associative avait compilé l’intégralité des données concernant les pesticides en France et élaboré une carte interactive. Ce document très parlant intégrait un code couleur qui représentait l’Indice de fréquence de traitement (IFT), c’est-à-dire le niveau d’utilisation des pesticides pour chaque commune. Selon cette carte, les régions les plus impactées sont la région parisienne, le Nord, la région de Bordeaux-Libourne-Cognac ainsi que les départements de l’Hérault, du Languedoc, du Vaucluse et du Var.

L’Inrae et l’Université de Bordeaux ont quant à eux conjointement mené une étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology le 12 mai 2023. Sur la période 2019/2021, les scientifiques ont recherché 111 substances dans pas moins de 47 lieux en France. Or, les résultats indiquent que 98 % des sites présentent au moins une substance et que 67 substances de la liste ont été retrouvées, principalement des fongicides et des herbicides. Dans leur étude, les auteurs soulignent également un « besoin accru de surveillance des sols » en raison d’une « persistance inattendue des molécules de pesticides dans l’environnement au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées ».

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Crédits : matthewleesdixon / iStock

Vers une surveillance des sols ?

L’étude permet de comprendre que les parcelles de grandes cultures, notamment dédiées aux céréales et oléagineux, font partie des plus contaminées. Leurs sols regroupent en effet en moyenne 15 substances différentes. Plus étonnant encore : les sols des sous-forêts et des prairies permanentes ou en friche peuvent parfois contenir jusqu’à une trentaine de substances. Le constat est par ailleurs le même pour les parcelles en agriculture biologique.

Les produits les plus fréquemment retrouvés sont des herbicides de type glyphosate ainsi que l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), son métabolite principal ou résidu dégradé. Ces substances se retrouvent dans respectivement 70 % et 83 % des sols étudiés. Par ailleurs, plus de 40 % des sites contiennent des fongicides et des insecticides. Rappelons au passage que le temps de dégradation théorique des concentrations initiales des substances (à hauteur de 90 %) est de 170 jours pour le glyphosate, environ quatre ans pour l’AMBA et plus de huit ans pour certains fongicides.

Acteurs cruciaux pour la santé des sols, les vers de terre sont en proie à un risque majeur. Pour les responsables de l’étude, il est important de mettre en place une surveillance des sols pour vérifier leur contamination par des résidus de pesticides, comme c’est déjà le cas pour l’atmosphère ainsi que les milieux aquatiques.