Perseverance enregistre le premier son d’un diable de poussière martien

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Un diable de poussière sinueux vu de l'espace par le Mars Recoinnasance Orbiter. Crédits : NASA/JPL-Caltech/Univ. de l'Arizona

Il y a quelque temps, des chercheurs ont réussi à capturer le son des grains de poussière tourbillonnants soulevés par un vortex convectif impactant le rover Perseverance. Ce type d’enregistrement pourrait être essentiel pour comprendre comment la poussière est transportée autour de la planète rouge. Les détails de l’étude sont publiés dans Nature Communications.

C’est dans la boîte

Les diables de poussière sont courants à la surface de Mars, en particulier dans le cratère Jezero où évolue Perseverance. Se formant généralement aux coins et aux bords des cellules de convection, ces tourbillons se produisent lorsque l’air chaud près de la surface commence à monter et à tourner, générant à son tour une dépression au centre du tourbillon et de forts vents de rotation.

Ces événements sont des indicateurs de la turbulence atmosphérique et constituent un mécanisme de levage important pour le cycle de la poussière sur Mars. Appréhender la manière dont cette poussière est soulevée, puis transportée dans l’atmosphère sera essentiel pour favoriser la prédiction des tempêtes dans le cadre d’une future exploration humaine de la planète, d’où l’importance de ces travaux.

Une équipe française décrit en effet le son d’un diable de poussière martien enregistré par le microphone de la SuperCam de Perseverance, qui vient de collecter ses premiers échantillons de terre martienne. L’événement s’est produit le 27 septembre 2021 au sol 215 de la mission. Rappelons qu’un sol représente un jour martien (environ 40 minutes de plus qu’un jour sur Terre).

Le rover avait déjà détecté plusieurs dizaines de ces diables de poussière passant au-dessus de sa tête auparavant. Cependant, son microphone n’était jamais allumé au bon moment (chaque session d’enregistrement ne dure que 167 secondes). Ici, les chercheurs ont réellement pu entendre et compter les particules impactant le rover.

En examinant l’ensemble des données recueillies, les scientifiques ont déterminé que le diable de poussière mesurait environ vingt-cinq mètres de large et au moins 118 mètres de haut. Il se déplaçait également à environ 5,3 mètres par seconde.

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Un diable de poussière photographié par Perseverance. Crédit : NASA

Un diable très étrange

Normalement, on s’attendrait à ce que la majeure partie de la poussière soit concentrée dans les murs du diable de poussière (bord d’attaque et bord de fuite). C’est en effet dans ces zones que les vitesses du vent sont les plus élevées. À l’inverse, le centre d’un diable de poussière, comme l’oeil d’un ouragan devrait être relativement calme et dégagé.

Toutefois, pour cet événement particulier, il semblait y avoir une concentration de poussière au milieu du vortex. « Ce diable de poussière particulier est inhabituel, même pour Mars« , note Naomi Murdoch, de l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE-SUPAERO) de l’Université de Toulouse. « Nous ne savons pas exactement pourquoi la poussière s’est accumulée au centre. C’est peut-être parce que ce diable était encore dans sa phase initiale de formation.« 

La contribution de ces diables au transport de la poussière atmosphérique reste encore incertain, mais ce nouvel élément pourrait être une pièce importante du puzzle. Ces résultats illustrent également l’importance de l’environnement sonore en tant que nouvel élément à exploiter par les planétologues.