Des chercheurs ont réalisé une avancée majeure dans la compréhension du microbiome intestinal, cette communauté complexe de bactéries et de microbes vivant dans notre système digestif. Ce microbiome joue un rôle crucial dans notre santé, mais il a toujours été difficile de cartographier ses interactions complexes. Ces nouveaux travaux offrent ainsi de nouvelles perspectives.
Qu’est-ce que le microbiome intestinal ?
Le microbiome intestinal est une communauté complexe de micro-organismes principalement composée de bactéries qui colonise l’intestin humain. Ces micro-organismes vivent en symbiose avec notre corps et jouent un rôle essentiel dans notre santé et notre bien-être. Le microbiome intestinal est notamment impliqué dans de nombreuses fonctions biologiques, y compris la régulation métabolique et la protection contre les envahisseurs pathogènes. Il aide aussi à décomposer les aliments que nous consommons et à extraire des nutriments essentiels. Enfin, ces microbes contribuent également à la régulation du système immunitaire en empêchant les bactéries nuisibles de proliférer.
Cette communauté de micro-organismes est unique pour chaque individu et peut être influencée par divers facteurs, notamment l’alimentation, le mode de vie, les médicaments et l’environnement. Des recherches ont révélé que son équilibre était crucial pour la santé. Un microbiome intestinal déséquilibré, appelé dysbiose, a en effet été associé à divers problèmes de santé, notamment les maladies inflammatoires de l’intestin, le diabète, l’obésité et les allergies. Pour toutes ces raisons, les scientifiques cherchent à mieux comprendre comment cette collection de microbes affecte notre santé et comment elle peut être manipulée pour traiter ou prévenir certaines maladies, ce qui nous ramène à ces travaux.
Cartographier la manière dont les microbes interagissent dans l’intestin
Dans le cadre de cette étude, des chercheurs de l’Université de Newcastle, au Royaume-Uni, ont développé une approche informatique pour analyser les interactions alimentaires entre les microbes intestinaux. Ils ont appliqué cette nouvelle approche à un ensemble de données qui modélisait le métabolisme de 955 espèces de microbes intestinaux. Ces données provenaient de plus de 1 600 échantillons de selles humaines collectées dans une quinzaine de pays. Tous les participants présentaient l’une des onze maladies qui avaient déjà été associées au microbiome intestinal, telles que les maladies inflammatoires de l’intestin, le diabète de type 2 et le cancer du côlon, ou n’en avaient aucune.
Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont réussi à identifier des interactions spécifiques entre les microbes chez les personnes atteintes de dix des onze maladies étudiées par rapport aux personnes sans ces affections. Ces perturbations résultaient du fait que les microbes manquaient de leurs partenaires d’alimentation correspondants.
Vers des thérapies plus ciblées
Pour illustrer cela avec un exemple concret, les auteurs ont utilisé cette nouvelle approche pour analyser les selles de personnes atteintes de la maladie de Crohn, une forme courante de maladie inflammatoire de l’intestin. Ils ont alors constaté que ce qui distinguait cette maladie était le manque d’espèces bactériennes capables de consommer du sulfure d’hydrogène gazeux, notamment une espèce appelée Roseburia intestinalis. Le sulfure d’hydrogène est une molécule qui a été liée à la régulation de l’inflammation intestinale. Cette découverte suggère donc un lien entre la carence de ces bactéries mangeuses de sulfure d’hydrogène et la maladie de Crohn.
Ces interactions microbiennes spécifiques ouvrent la voie à une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents aux maladies liées au microbiome intestinal. Cela pourrait également conduire à des avancées dans le développement de thérapies ciblant des espèces bactériennes spécifiques pour traiter ou prévenir ces maladies. Cependant, notez que cette approche n’est encore qu’à un stade conceptuel. Des recherches supplémentaires seront donc nécessaires pour valider ces découvertes et comprendre en détail ces interactions microbiennes complexes.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Communications.