En Chine, des scientifiques ont mis au point une sorte de peau de dauphin bionique. Son objectif est de minimiser les frictions dans l’eau, ce qui permet ainsi de réduire la consommation de carburant et l’empreinte carbone des grands cargos.
Un revêtement destiné aux hélices des cargos
En 2019, deux organisations avaient proposé de réduire la vitesse des cargos de 20 %. La promesse était ambitieuse : réduire les émissions d’oxydes de soufre, d’oxyde d’azote et de particules d’environ 24 %, ce qui représentait en théorie une avancée importante dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et si la vitesse des navires n’était pas réellement un problème en soi ? Dans un communiqué publié le 17 juillet 2024, une équipe du Ningbo Institute of Material Technology and Engineering (Chine) a décrit sa dernière innovation. Il est ici question d’un système de propulsion recouvert d’une peau bionique qui imite celle du dauphin, un animal qui fait partie des plus agiles dans l’eau. Selon les chercheurs chinois, cette peau pourrait réduire de manière considérable la consommation de carburant ainsi que l’empreinte carbone des navires-cargos.
Plusieurs études ont permis de comprendre que les dauphins ont une peau constituée de microstructures capables de s’adapter à la vitesse, notamment grâce à la sécrétion de mucus. Cela permet donc à ces animaux de réduire leurs frictions et d’éviter ainsi les turbulences dans l’eau. Les chercheurs ont ainsi voulu reproduire cet écoulement laminaire avec leur peau bionique d’une épaisseur comprise entre 0,1 et 0,2 mm. Soulignons également que ce revêtement s’applique uniquement aux hélices des bateaux.
900 tonnes d’émissions de GES en moins par an
« La peau bionique, lorsqu’elle est placée sur la surface de l’hélice, peut réduire la force de cisaillement avec l’eau, contrecarrer le travail de la poussée inverse sur l’eau, améliorer l’efficacité de l’hélice et réduire la consommation d’énergie », peut-on lire dans le communiqué.
Un premier test a été effectué sur un pétrolier de 300 000 tonnes qui a parcouru environ 65 000 km en 200 jours. Selon les résultats, le revêtement a permis de pousser légèrement moins les moteurs et donc de réaliser une économie de carburant à hauteur de 2%. Cela peut sembler dérisoire au premier abord, mais en réalité, cela représente pas moins 900 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en moins sur une année.
De plus, la compagnie chinoise de transport maritime Cosco Shipping Energy responsable du navire peut prétendre à une économie de 130 000 euros sur sa facture annuelle de carburant. Cette innovation est donc aussi intéressante sur le plan financier, surtout que la pose du revêtement coûte à peine moins de 20 000 euros.