Des PCB toxiques découverts à 8 000 mètres de profondeur

sel océans
Crédits : Pexels/Pixabay

Les biphényles polychlorés (BPC) sont interdits depuis des décennies, mais ils persistent encore dans le monde naturel, comme en témoigne cette nouvelle étude. Des chercheurs annoncent en effet avoir identifié des traces de ces polluants hautement toxiques au fond de l’une des fosses océaniques les plus profondes au monde. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Nature Communications.

Pollution en eaux profondes

La fosse d’Atacama est une fosse océanique située dans l’océan Pacifique, à environ 100 km au large de la côte du Chili. Considérée comme l’une des régions les plus profondes de l’océan, avec une profondeur maximale d’environ 8 065 m, elle s’étend sur environ 800 km de long et 40 km de large. La fosse est bordée par deux montagnes sous-marines, la montagne de Nazca à l’ouest et la montagne de Salas y Gomez à l’est. Dans ces profondeurs glacées, poissons, crustacés et autres céphalopodes ont développé des moyens d’adaptation uniques pour survivre dans cet environnement extrême.

De par cette incroyable profondeur, nous pourrions penser que ce type de fosse est relativement exempt de pollution humaine. Malheureusement, ce n’est pas le cas. En 2018, une étude avait en effet révélé la présence de plastique dans la fosse des Mariannes, une autre fosse océanique située dans l’océan Pacifique. Des microparticules (moins de cinq millimètres de diamètre) étaient même présentes dans certains échantillons prélevés à plus de 10 000 mètres sous la surface de l’océan. Deux ans plus tard, une équipe y avait également relevé une pollution au mercure.

Visiblement, la fosse d’Atacama n’est pas épargnée non plus. Récemment, des chercheurs y ont en effet découvert des biphényles polychlorés qui sont également connus sous l’acronyme PCB.

Des PCB à 8 000 mètres

Les biphényles polychlorés sont un groupe de composés organochlorés qui ont été largement utilisés comme isolants électriques et fluides diélectriques dans les transformateurs et les condensateurs. Ils ont également été utilisés dans les peintures, les encres, les plastiques et les produits ignifuges jusqu’à leur interdiction dans les années 1970 en raison de leur toxicité.

Les troubles provoqués par les PCB sur la santé sont neurologiques, endocriniens et immunologiques. Ils présentent également des effets cancérigènes. Ils peuvent en outre avoir des répercussions sur la reproduction en provoquant des perturbations hormonales et une diminution de la fertilité.

Autre préoccupation, les PCB sont difficiles à décomposer et peuvent persister très longtemps dans l’environnement, passant d’un animal à l’autre via la chaîne alimentaire. Cette nouvelle étude le confirme d’ailleurs encore une fois.

PCB fosse Atacama
Fosse du Pérou-Chili en bleu foncé. Source : Wikipédia

Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs de l’Université de Stockholm et de l’Université du Danemark du Sud ont examiné plusieurs carottes de sédiments forées à cinq endroits différents jusqu’à une profondeur de 8 000 mètres sous le niveau de la mer. Ils ont trouvé des PCB dans chaque échantillon.

Si les niveaux de PCB étaient relativement faibles, les chercheurs se préoccupent néanmoins de sa présence à de telles profondeurs. Dans le cadre d’une prochaine étude, la même équipe se dirigera vers le nord pour prélever des échantillons dans les profondeurs de la fosse du Japon, avec l’espoir de ne pas relever autant de polluants sur place.

Les chercheurs étudieront également le degré d’absorption de ces polluants d’origine humaine chez les animaux pour essayer de comprendre comment ils peuvent affecter le réseau trophique en eaux profondes.