Si les glaciers sont bien connus pour arracher la végétation et une partie du socle rocheux sur lesquels ils glissent, des chercheurs ont eu la surprise de déceler des restes d’une végétation vieille de 2,7 millions d’années sous trois kilomètres de glace au Groenland.
L’étude publiée jeudi dernier dans la revue américaine Science est une surprise pour les scientifiques. En forant dans l’épaisse couche de glace qui recouvre le Groenland, des chercheurs sont parvenus à découvrir ce qui serait un paysage de toundra (mousse, lichens et divers types d’herbacés). Ces végétaux prouvent que les terres du Grand Nord n’ont pas toujours été couvertes de glaces, mais ressemblaient bien un jour aux grandes plaines sibériennes.
L’analyse de la calotte glaciaire du Groenland est d’une grande importance pour les scientifiques puisqu’une fonte totale de ses glaces entraînerait une élévation du niveau des mers de 6 à 8 mètres (près de 60 pour les glaces de l’Antarctique) ! Les recherches peuvent aussi de permettre de comprendre quelles ont été les évolutions climatiques et l’importance des réchauffements par le passé.
« Le sol ancien sous la calotte glacière du Groenland aide à résoudre un important mystère qui entoure le changement climatique : comment les grandes couches de glace fondent et se reconstituent en réponse aux changements de température », a expliqué Dylan Rood, professeur à l’Université de Glasgow et co-auteur de ces travaux. « Il est probable que le Groenland n’a jamais complètement fondu depuis sa formation. Cela a permis de préserver sous la glace un paysage de toundra pendant des millions d’années de réchauffement et de refroidissement de la planète », renchérit Paul Bierman.
En analysant le sol et notamment la présence du béryllium -10, les chercheurs ont conclu que la surface du Groenland avait été exposée au Soleil pendant 200 000 à 1 million d’années avant d’être recouverte par la glace. L’analyse des concentrations en azote et carbone laissées par les végétaux montre également que la toundra était boisée, peut être par de grandes forêts de mélèzes comme on en trouve en Sibérie. Une comparaison avec le pergélisol de la toundra au nord de l’Alaska montrerait d’ailleurs des concentrations semblables.
Les analyses pourraient permettre de modéliser le comportement à venir des glaces sous l’effet du réchauffement climatique dont l’influence sera fondamentale pour prévoir l’évolution du niveau des mers.
Sources : Belga, Santé Log, AFP