Grâce aux données obtenues auprès de 30 000 stations de surveillance de la qualité de l’air réparties sur pas moins de 7 812 sites dans le monde et analysées par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), la société suisse IQAir a pu établir le sixième rapport annuel sur le Rapport annuel sur la qualité de l’air dans le monde pour 2023. Et si certains rares pays y sont bien en dessous des seuils établis par l’Organisation mondiale de la Santé, d’autres affichent au contraire des taux de pollution très élevés. Voici les informations à retenir sur ces données qui témoignent de la dégradation de la qualité de l’air dans le monde.
Seulement sept pays avec une bonne qualité de l’air
Pour respecter les normes de qualité instaurées par l’OMS, il suffit d’afficher une moyenne annuelle de 5 µg/m3 ou moins sur les PM2.5, les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 µm. Sur l’année 2023, seuls sept pays s’en sortent bien et restent en dessous des seuils : l’Australie, l’Estonie, la Finlande, Grenade, l’Islande, Maurice et également la Nouvelle-Zélande.
Sur le banc des mauvais élèves, on retrouve en revanche le Bangladesh (avec 79,9 µg/m3, soit plus de quinze fois plus que la recommandation annuelle de l’OMS), le Pakistan (73,7 µg/m3, soit plus de quatorze fois plus), l’Inde (54,4 µg/m3, soit dix fois plus), le Tadjikistan (49,0 µg/m3, soit neuf fois plus) et enfin le Burkina Faso (46,6 µg/m3, soit neuf fois plus également.
Un problème mondial
Ce ne sont toutefois pas des cas isolés. Sur les 134 pays et territoires passés en revue, 124 régions (soit pas moins de 92,5 %) dépassent ces mêmes recommandations. Il y a bien quelques bonnes surprises, comme le fait que Las Vegas est la ville américaine la moins polluée. Toutefois, les données restent sans appel. Elles montrent surtout que la combustion des combustibles fossiles combinée à d’autres facteurs en lien avec le changement climatique (comme les feux de forêt canadiens ou les conditions climatiques et la brume transfrontalière en Asie du Sud-Est) augmentent significativement les taux de pollution dans l’air.
Ce rapport démontre également qu’il s’agit d’un problème global, qui augmente dans presque tous les pays et qui ne s’arrête pas aux frontières, d’où l’importance de prendre en compte tous ces facteurs et de mener des efforts à grande échelle.
Quid de la France ?

En France, les taux s’améliorent depuis 2018, passant de 13,2 à 9,5 μg/m³. Toutefois, cela reste au-dessus des taux conseillés. Il est aussi à noter que sur les plus de 350 stations qui évaluent activement la pollution ambiante, la grande majorité conclut que les taux dépassent le seuil conseillé par l’OMS avec un air particulièrement moins qualitatif en région parisienne, dans la vallée du Rhône et sur la côte méditerranéenne.
Un manque de données pour analyser la qualité de l’air dans le monde
Le rapport souligne un autre problème. Comme l’affirme Frank Hammes, PDG mondial d’IQAir : « Un environnement propre, sain et durable est un droit humain universel. Dans de nombreuses régions du monde, le manque de données sur la qualité de l’air retarde l’adoption de mesures décisives et perpétue des souffrances humaines inutiles. Les données sur la qualité de l’air sauvent des vies. Lorsque la qualité de l’air est signalée, des mesures sont prises et la qualité de l’air s’améliore. »
Or, l’Afrique est ici particulièrement sous représentée. Seulement un tiers de la population a en effet accès à ces données. Par ailleurs, si les systèmes de surveillance ont augmenté ces six dernières années, il y a encore des disparités flagrantes entre les régions, et donc des lacunes dans la prise de mesures.
« Le rapport annuel de la Commission européenne illustre la nature internationale et les conséquences inéquitables de la crise persistante de la pollution atmosphérique. Des efforts locaux, nationaux et internationaux sont nécessaires de toute urgence pour surveiller la qualité de l’air dans les endroits où les ressources sont insuffisantes, pour gérer les causes de la brume transfrontalière et pour réduire notre dépendance à l’égard de la combustion comme source d’énergie », affirme Aidan Farrow, un scientifique spécialisé de la qualité de l’air à Greenpeace International. « En 2023, la pollution de l’air reste une catastrophe sanitaire mondiale. L’ensemble des données mondiales constitue un rappel important des injustices qui en résultent et de la nécessité de mettre en œuvre les nombreuses solutions qui existent pour résoudre ce problème », ajoute-t-il.
Pollution de l’air : quels dangers pour la santé ?

Selon l’OMS, cette pollution ambiante contribue à près de 6,7 millions de décès prématurés chaque année. L’exposition aux particules fines dans l’air peut en effet aggraver des maladies existantes (comme le diabète) ou provoquer de nombreux problèmes de santé. C’est le cas notamment avec l’asthme, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), le cancer ou encore les maladies au niveau des poumons. Des taux plus élevés peuvent en outre nuire au développement cognitif des enfants ou favoriser la survenue de troubles mentaux.
Dans le cas de feux de forêt, il faut par ailleurs ajouter à toute cette pollution déjà existante une fumée dangereuse qui pénètre profondément dans les poumons et passe dans la circulation sanguine. L’exposition à cette fumée peut ainsi augmenter les risques d’asthme, de cancer du poumon ou de problèmes pulmonaires chroniques et des études ont également démontré qu’elle favorisait les naissances prématurées et les fausses couches.
Vous pouvez lire les conclusions du rapport ici.