Le risque de cancers serait deux fois plus grand que prévu pour les futurs explorateurs martiens si l’on en croit une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université du Nevada après avoir étudié l’exposition des cellules humaines aux rayons cosmiques.
Il y a quelques jours, l’on s’enthousiasmait du retour sur Terre de notre héros national, Thomas Pesquet, qui a évoqué sa volonté de pouvoir un jour faire partie d’une future mission martienne lors d’une conférence de presse aussi rafraîchissante qu’intéressante. La planète rouge fait clairement rêver les passionnés, c’est un fait, mais elle est pourtant loin d’être accueillante. Outre les difficultés techniques inhérentes à un tel voyage, la santé des futurs explorateurs n’est également pas à prendre à la légère. Dans une étude publiée ce mardi dans la revue Nature, des chercheurs de l’Université du Nevada à Las Vegas (UNLV) affirment en effet que le risque de cancer lors d’une mission spatiale vers Mars pourrait être multiplié par deux avec en cause le rayonnement cosmique et l’absence de champ magnétique.
Le rayonnement cosmique se compose de particules chargées en provenance du milieu interstellaire. Sur Terre nous sommes protégés de ces rayonnements néfastes par le champ magnétique, une sorte de gigantesque bouclier qui permet à la vie d’évoluer sereinement. En revanche, un voyage sur Mars amènerait les astronautes à sortir de ce champ protecteur et à se retrouver ainsi exposés à ces rayons qui endommagent les cellules qu’ils traversent. Ces rayonnements ionisants favorisent le développement de cancers, de maladies circulatoires et peuvent avoir des effets sur le système nerveux central.
« L’exposition aux rayons cosmiques galactiques peut dévaster le noyau d’une cellule et provoquer des mutations pouvant entraîner des cancers », explique le chercheur principal Francis Cucinotta, assurant que ces risques seraient deux fois plus grands que prévu. « Nous avons appris que les cellules endommagées envoient des signaux aux cellules environnantes et non affectées et modifient probablement les micro-ondes des tissus. Ces signaux semblent inciter les cellules saines à mutiler, causant ainsi des tumeurs ou des cancers supplémentaires ».
Ce n’est cependant pas le plus gros problème. Les chercheurs pensent en effet que les combinaisons spatiales actuelles n’offriraient pas suffisamment de protection pour pouvoir aider les futurs explorateurs à échapper à ces radiations mortelles. L’équipement actuel n’est en effet pas suffisamment résistant pour pouvoir supporter de telles expositions. Les scientifiques ne sont à ce jour toujours pas sûrs des risques subséquents à une telle mission, mais les recherches sont en cours. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’astronaute de la NASA, Scott Kelly, a récemment passé près d’un an dans l’espace afin de mieux comprendre les effets sur le corps humain à long terme. « L’exploration de Mars nécessitera des missions de 900 jours ou plus et de passer plus d’un an dans un espace profond où les expositions à toutes sortes d’énergies néfastes sont inévitables », prévient Francis Cucinotta.
Le chercheur en appelle donc à la prudence quant aux conclusions de ses travaux et espère que les futures missions spatiales tiendront compte de ce risque. Aussi excitante que soit l’exploration martienne, les chercheurs devront s’assurer que les capacités cognitives des futurs astronautes impliqués ne sont pas endommagées par le voyage, car la mise en place et le maintien d’un laboratoire sur Mars nécessiteront une capacité intellectuelle sans faille.