Faut-il se procurer des pastilles d’iode en raison de la menace nuclĂ©aire ?

iode pastille
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En raison de la guerre en Ukraine, les craintes d’un incident nuclĂ©aire sont plus que jamais prĂ©sentes en Europe. Il faut dire que l’armĂ©e russe a menĂ© des opĂ©rations visant les centrales nuclĂ©aires de Tchernobyl et Zaporojie. Sur le continent, la vente de pastilles d’iode connaĂ®t donc un vĂ©ritable boom. En France, ce traitement prĂ©ventif est par ailleurs disponible, mais seulement sous l’ordre strict des autoritĂ©s.

Un engouement autour des pastilles d’iode

Le 27 fĂ©vrier 2022, Vladimir Poutine a demandĂ© Ă  son armĂ©e de mettre en alerte ses forces de dissuasion, autrement dit son arsenal nuclĂ©aire. Deux jours plus tĂ´t, l’armĂ©e avait pris possession de la cĂ©lèbre centrale de Tchernobyl et une semaine plus tard, de celle de Zaporojie, la plus grande d’Europe. Les circonstances de la prise de la centrale de Zaporojie restent nĂ©anmoins assez vagues. Par ailleurs, la Russie nie toujours ĂŞtre Ă  l’origine d’une frappe ayant gĂ©nĂ©rĂ© un incendie dont les consĂ©quences auraient pu ĂŞtre catastrophiques.

De cette situation dĂ©coule une certaine anxiĂ©tĂ© chez les EuropĂ©ens, Ă  tel point que les ventes de pastilles d’iode (iodure de potassium) ont dĂ©collĂ©. Cela s’est surtout produit dans certains pays gĂ©ographiquement plus proches de la Russie tels que la Bulgarie, la Pologne et la Roumanie. Dans un article de l’agence de presse Reuters du 3 mars 2022, Nikolay Kostov, le prĂ©sident de l’Association des pharmaciens en Bulgarie, a affirmĂ© que les pharmaciens du pays avaient vendu autant de pastilles d’iode au cours de la dernière semaine qu’en une annĂ©e entière.

centrale nucléaire
Centrale de Zaporojie. Crédits : Ralf1969 / Wikimedia Commons

Une efficacité et une balance bénéfice-risque à relativiser

En Europe de l’Ouest, les pastilles d’iode suscitent aussi l’engouement, notamment en Suisse et en Belgique. En France, les pharmaciens reçoivent Ă©galement de nombreux clients dĂ©sirant se procurer des comprimĂ©s d’iodure de potassium. Or, si la demande n’est pas aussi forte que dans les pays limitrophes de la Russie, elle augmente toutefois progressivement. Cependant, les pastilles d’iodes ne sont pas disponibles librement dans notre pays. RĂ©gulièrement, le gouvernement organise des campagnes de distribution Ă  destination des personnes rĂ©sidant ou travaillant Ă  proximitĂ© des centrales nuclĂ©aires (Ă  moins d’une vingtaine de kilomètres).

Il faut savoir que prendre ces pastilles a pour objectif de protĂ©ger la thyroĂŻde d’une exposition Ă  de l’iode radioactif provenant d’un incident nuclĂ©aire, comme ce fut le cas Ă  Tchernobyl en 1986. Ainsi, saturer la thyroĂŻde permet Ă  cette glande de ne plus pouvoir absorber l’iode radioactif et ainsi de rester Ă  l’abri des risques de cancers. Toutefois, les pastilles ne protègent pas de toute exposition Ă  la radioactivitĂ©. Elles protègent en effet contre l’iode-131, mais pas contre le cĂ©sium-134 ou le cĂ©sium-137 par exemple. Par ailleurs, la prise d’iode ne serait pas vraiment utile en cas d’attaque militaire de nature nuclĂ©aire.

L’Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN) a en outre publiĂ© une note le 2 mars 2022 qui explique que le mĂ©dicament peut ĂŞtre Ă  l’origine d’effets indĂ©sirables non nĂ©gligeables sur le cĹ“ur et la thyroĂŻde. La balance bĂ©nĂ©fice-risque se rĂ©vĂ©lerait en rĂ©alitĂ© favorable seulement en cas de risque concret d’exposition Ă  des radiations.