Il est possible de communiquer les « rêveurs lucides » pendant qu’ils dorment

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Crédits : Claudio_Scott/Pixabay

Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs ont réussi à communiquer avec des sujets endormis en temps réel. Ces personnes, des « rêveurs lucides », pouvaient suivre des instructions et répondre consciemment à des stimuli extérieurs pendant leurs rêves.

Les rêves lucides

Tout le monde rêve, mais on ne comprend pas encore pleinement pourquoi. Ce champ d’études est en effet compliqué dans la mesure où la plupart d’entre nous oublient ou déforment les détails de nos rêves. Ceci est en partie dû au fait que le cerveau ne forme pas beaucoup de nouveaux souvenirs pendant le sommeil et qu’il dispose d’une capacité limitée de stockage des informations au réveil.

Pour surmonter ces obstacles, des chercheurs de l’INSERM, de l’AP-HP, de Sorbonne Université et du CNRS avec plusieurs groupes américains, allemands et néerlandais, ont tenté de communiquer avec des gens pendant qu’ils rêvaient encore. Dans le cadre de ces travaux publiés dans la revue Current Biology, ils ont fait appel à des « rêveurs lucides », ces personnes qui sont conscientes qu’elles sont en train de rêver et peuvent parfois influencer le déroulement de leurs rêves.

Notez qu’environ 23% des personnes ont un rêve lucide une fois par mois ou plus, selon un article de recherche publié en 2016 dans la revue Consciousness and Cognition.

Mais alors, pourquoi des rêveurs lucides ? Des études ont déjà montré que ces personnes sont capables d’informer de leur lucidité grâce à un code oculaire préalablement appris. Autrement dit, nous savons déjà que ces sujets peuvent communiquer avec l’extérieur pendant leurs rêves, à sens unique. La question est : peut-on établir une communication à double sens ?

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Crédits : Pexels/pixabay

Quatre expériences distinctes

Pour le savoir, les chercheurs ont placé des électrodes sur le crâne des participants pour mesurer leurs ondes cérébrales, à côté de leurs yeux, pour suivre leurs mouvements oculaires et sur leur menton pour mesurer l’activité musculaire. Ils se sont ensuite appuyés sur ces données pour déterminer à partir de quand les sujets entraient dans la phase de sommeil paradoxal, lorsque les rêves lucides sont les plus susceptibles de se produire.

Pendant l’expérience, les chercheurs ont pu mettre en place plusieurs types de stimulations pour espérer établir une communication à double sens. Parmi elles, ils ont testé des questions ouvertes posées à voix haute, des stimuli tactiles (tapotements physiques), des lumières clignotantes, des bips sonores ou encore des tâches de discrimination sémantiques (distinguer des mots simples). Le sujet endormi devait ensuite répondre à ces stimulations par des mouvements oculaires ou faciaux distinctifs interprétés par les électrodes.

Pour cette étude, quatre laboratoires indépendants aux États-Unis, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas ont mené quatre expériences distinctes.

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Un participant à l’étude. Crédits : K Konkoly

Des réponses conscientes aux stimulations extérieures

Dans le cadre de ces travaux, après de nombreuses tentatives, six participants sur 36 auraient ainsi été capables de répondre à un certain nombre de stimulations alors qu’ils dormaient. L’un d’eux a même souligné au réveil que la voix de l’expérimentatrice lui parvenait comme une « voix divine » pendant son rêve au cours duquel il faisait la fête avec des amis.

Les résultats sur une possibilité de communication avec les rêveurs ouvrent « des perspectives pour identifier des marqueurs physiologiques de la conscience et du rêve et décoder l’activité de notre cerveau au cours de l’expérience onirique, afin de mieux comprendre le rôle du rêve et du sommeil« , écrit l’Iserm. Cette première étape pourra donc peut-être un jour lever le mystère sur nos rêves.

Les chercheurs suggèrent également que la méthode utilisée dans ces expériences pourrait être adaptée pour potentiellement adapter le rêve d’une personne à un besoin spécifique tel que l’apprentissage ou la gestion d’un traumatisme émotionnel.