Ce parfum de l’époque romaine sentait une odeur distinctive

parfum patchouli
Crédits : Polina Lebed/istock

On se parfumait déjà il y a environ 2 000 ans, mais à quoi ressemblaient ces compositions olfactives ? Pour la première fois, des chercheurs ont analysé un parfum identifié dans un pot mis au jour en Espagne. Les résultats d’analyse ont révélé une odeur distincte et reconnaissable. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Heritage.

Bien que les fouilles archéologiques aient permis de récupérer un grand nombre de récipients utilisés pour contenir des parfums dans la Rome antique, on sait peu de choses sur la composition chimique ou l’origine des substances qu’ils contenaient. La plupart des informations disponibles concernent en effet les pommades et/ou les bases cosmétiques plutôt que les essences, d’où l’intérêt de ces nouveaux travaux.

Dans le cadre de cette étude, des chercheurs ont en effet analysé le contenu d’un pot à onguent (unguentarium) en cristal de roche (quartz) découvert en 2019 dans une urne funéraire trouvée dans un mausolée à Séville, en Espagne. À l’époque romaine, ces récipients étaient des objets de luxe très rares. Scellé avec un type de minéral carbonaté appelé dolomite, il contenait un parfum qui s’était solidifié après deux millénaires.

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Le flacon en quartz contenant du parfum solidifié. Crédits : Cosano et coll., Heritage, 2023

Une odeur de patchouli

Des techniques d’analyse poussées (spectroscopie Micro-Raman, microscopie électronique à balayage ou encore chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse) ont alors permis d’identifier une inclusion de patchouli. Cette huile essentielle courante dans la parfumerie moderne n’avait jamais été identifiée auparavant dans la Rome antique. Elle est extraite des feuilles séchées de la plante Pogostemon cablin, originaire des régions tropicales de l’Asie du Sud-Est. Son odeur peut cependant varier en intensité et en qualité en fonction de sa concentration et de la méthode d’extraction.

Si l’odeur de patchouli ne vous est pas familière, notez qu’elle est souvent décrite comme chaude, terreuse, boisée et légèrement sucrée. Elle est souvent utilisée comme note de base dans les parfums pour ajouter de la profondeur et de la sensualité à la composition. Elle est également souvent associée à la culture hippie des années 60 et 70, car le patchouli était utilisé comme parfum populaire à cette époque.

À côté de ce récipient se trouvaient trois perles d’ambre conservées dans un sac en tissu, lui-même conservé dans une urne en verre avec les restes incinérés d’une femme de 30 à 40 ans. Cinq autres urnes avaient également été enterrées dans la tombe. Les chercheurs pensent qu’il s’agit des restes d’une famille aisée.

Notez enfin que l’utilisation de parfums remonte à l’Antiquité. En Égypte ancienne, ils étaient étroitement liés à la religion et à la pratique de l’embaumement. On les utilisait aussi pour les soins personnels et l’hygiène. Dans la civilisation mésopotamienne, qui inclut les anciens Sumériens, Babyloniens et Assyriens, les parfums étaient également utilisés à des fins religieuses et cosmétiques. Des tablettes d’argile cunéiformes décrivant les recettes et les techniques de fabrication des parfums ont même été découvertes.