Une nouvelle étude permet de mieux comprendre pourquoi les personnes allergiques au pollen ne sont pas forcément soulagées par l’arrivée de fortes pluies. En effet, il n’est pas rare que les symptômes allergiques subissent une phase d’aggravation. Un phénomène contre-intuitif sur lequel ces travaux font la lumière.
Temps chaud et ensoleillé, vent modéré, faible humidité de l’air… Voilà un paysage météorologique qui ne ravit pas particulièrement les personnes allergiques au pollen.
Émis une large partie de l’année par différentes espèces de plantes, le niveau pollinique présente un maximum bien connu au printemps. À ce jour, on estime qu’environ 30 % des Français sont touchés par ce qu’on a coutume d’appeler le rhume des foins. Les scientifiques parlent de pollinose pour décrire cette réaction immunitaire consécutive à l’entrée des grains de pollen dans l’organisme.
Les pluies soulagent-elles vraiment les allergies au pollen ?
On évoque souvent la pluie et l’humidité comme facteurs météorologiques favorables aux personnes touchées par la pollinose. Toutefois, certains sujets voient une recrudescence de leurs symptômes allergiques pendant – ou peu après – de fortes pluies. Les Anglo-Saxons parlent à ce titre de thunderstorm asthma epidemics (littéralement, épidémies d’asthmes orageuses). Une étude parue le 6 mai dernier dans la revue Environmental Science & Technology Letters a mis en lumière les causes de cette manifestation contre-intuitive.
En effectuant des mesures in situ à Iowa City (États-Unis) entre le 17 avril et le 31 mai 2019, les chercheurs ont obtenu des données sans précédent. « Nos résultats montrent que tandis que les grains de pollen diminuent considérablement lors des précipitations, un pic de concentration en fragments de pollen se produit pendant les épisodes de pluie et persiste ensuite pendant plusieurs heures » rapporte Elizabeth Stone, co-auteure du papier.
Or, ces particules très fines s’infiltrent facilement par les voies respiratoires. De fait, elles augmentent le pouvoir allergisant de l’air. « Les personnes sensibles au pollen devraient éviter de sortir à l’extérieur pendant les épisodes de pluie et dans les heures qui suivent » poursuit la chercheuse. Pour donner une idée de la différence de taille, les pollens primaires (intacts) font de quelques dizaines à plus d’une centaine de microns. Les fragments susmentionnés, eux, ne dépassent pas les 2,5 microns.
Le rôle ambivalent de l’humidité de l’air
La question se pose alors de savoir pourquoi la pluie amène une foulée de fragments polliniques. Selon les scientifiques, cela tient à l’humidité élevée de l’air qui fracture les grains de pollen. En particulier, lorsqu’ils sont aspirés par les ascendances nuageuses et entrent dans un air sursaturé en vapeur d’eau. La pluie et les courants descendants transportent ensuite les fragments vers l’atmosphère de surface où ils s’accumulent. La plus haute valeur relevée par l’équipe s’est chiffrée à 1,3 million de fragments par mètre cube d’air durant une averse matinale !
« Les personnes qui sont sensibles ou allergiques au pollen devraient considérer les épisodes de pluie – en particulier les orages – comme une source potentielle de particules allergènes qui pourraient avoir des impacts respiratoires négatifs sur eux » souligne Elizabeth Stone. « Mon conseil serait de rester à l’intérieur pendant et les heures qui suivent les pluies ou les orages en saison des pollens auxquels ils sont allergiques ».
Enfin, précisons que cela ne signifie pas que les pluies ne peuvent agir favorablement sur les symptômes des sujets atteints de pollinose. L’effet explicité plus haut concerne essentiellement les précipitations soutenues se produisant de façon événementielle. Un régime pluvieux maintenu dans la durée finira par lessiver très efficacement l’atmosphère, en plus de réduire drastiquement l’émission de pollen par les plantes. L’effet bénéfique de la pluie n’est donc pas une vue de l’esprit, mais demande à être précisé.