Pandémie : « On sait que ça va arriver, mais on n’a aucune possibilité de l’empêcher », avertissent les experts

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Les graves épidémies se multiplient à travers le monde et une centaine d’années après la grippe espagnole, les experts n’ont plus vraiment de doute sur l’apparition d’une nouvelle pandémie. Mais y sommes-nous vraiment préparés ?

Au Forum économique mondial, réuni comme tous les ans à Davos en Suisse, la question sanitaire des pandémies est prise très au sérieux. « Les pandémies deviennent de véritables menaces pour l’humanité » déclare Elhadj As Sy, secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). « On sait que ça va arriver, mais on n’a aucune possibilité de l’empêcher », explique de son côté Sylvie Briand, spécialiste des risques infectieux à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Cette année, cela fait 100 ans que la grippe espagnole a frappé le monde, et cet événement reste la pire pandémie de l’Histoire. En l’espace de deux ans seulement, elle aura causé plus de 50 millions de morts sur la planète. « L’Inde a perdu 5 % de sa population en 1918. C’est la seule période de son histoire où la population du pays a diminué », commente Richard Hatchett, directeur général de la CEPI (Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies).

L’inquiétude grandit, d’autant que contrôler les virus grippaux est mission quasi impossible, en tout cas dans la prévention de leur propagation. « La grippe, c’est un virus respiratoire qui se transmet facilement et les gens peuvent être contagieux avant de présenter des symptômes, donc ce n’est pas facile à contrôler », explique Sylvie Briand. Pire, les virus peuvent désormais se « marier » entre eux ou avec d’autres virus, notamment aviaires ou porcins. Des mélanges sous forme de cocktails explosifs pour l’Homme.

Les récentes et nombreuses épidémies font grimper l’inquiétude du côté des experts. « Dans ces trois dernières années, il y a eu une épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, Zika en Amérique du Sud, et plus récemment une épidémie de peste à Madagascar », rappelle Elhadj As Sy. Autre élément favorable à ces virus, l’hyper-connectivité et la forte tendance globale de l’Homme à voyager. « L’humanité est plus fragile face aux épidémies parce qu’on est beaucoup plus connectés et qu’on se déplace beaucoup plus vite qu’avant. Quand on voyage, les virus voyagent avec nous » ajoute Sylvie Briand.

Les coûts sur l’économie mondiale sont immenses. Au total, le coût global de la préparation à une pandémie est estimé à 3,4 milliards de dollars par an, et la perte annuelle qu’une pandémie pourrait provoquer atteint les 570 milliards de dollars, avait annoncé Bill Gates au début de l’année 2017.

Mais l’autre souci économique concerne la production d’un vaccin pour enrayer la propagation, estimé entre 100 et 200 millions de dollars. Ainsi, les laboratoires pharmaceutiques ne semblent pas pressés à entrer dans ces recherches. « Il n’y a pas de marché commercial pour ces produits, jusqu’au déclenchement d’une épidémie où, soudainement, tout le monde veut un vaccin qui n’existe pas », conclut avec pessimisme Richard Hatchett.

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