Des scientifiques parviennent à « rajeunir » les ovules vieillis de souris
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Des chercheurs ont pu rajeunir les ovules vieillis de souris. Qu’en sera-t-il pour les femmes ?

Des chercheurs de l’Université nationale de Singapour viennent de faire une avancée majeure dans le domaine de la fertilité. En travaillant sur des cellules de souris, ils ont en effet réussi à rajeunir des ovules vieillissants en les plaçant dans de jeunes follicules. Cette percée ouvre de nouvelles perspectives pour lutter contre l’infertilité liée à l’âge.

Le vieillissement des ovules : un enjeu majeur

L’allongement de l’espérance de vie a bouleversé nos anciens repères. De plus en plus de femmes choisissent notamment de repousser leur maternité pour poursuivre leurs études, développer leur carrière ou simplement profiter pleinement de leur jeunesse. Cependant, cette liberté a un revers : le temps qui passe impacte inexorablement la qualité des ovules.

Pour rappel, à la naissance, une femme dispose d’un nombre fini d’ovocytes qui commencent à vieillir dès la puberté. Au fil des années, leur nombre diminue progressivement et leur qualité se détériore. Ce phénomène est lié à des altérations génétiques, notamment des anomalies chromosomiques qui augmentent considérablement les risques de fausses couches spontanées, de maladies génétiques ou encore d’échecs de fécondation in vitro (FIV).

Pour pallier ces problèmes, certaines femmes décident alors d’opter pour la congélation de leurs ovocytes. La technique permet de préserver les ovules à un moment où leur qualité est optimale. Cette méthode est particulièrement indiquée pour les femmes qui souhaitent repousser leur maternité ou qui suivent des traitements médicaux susceptibles d’altérer leur fertilité.

Cependant, la congélation des ovocytes n’est pas une solution miracle. Elle permet en effet de préserver les ovules en l’état, mais ne les rajeunit pas. Ainsi, les ovules congelés vieillissent tout de même, même s’ils sont stockés à très basse température. De plus, la congélation et la décongélation des ovocytes peuvent entraîner des dommages cellulaires et réduire les chances de grossesse.

Un environnement jeunesse pour rajeunir les ovules

Face à ces défis, des chercheurs singapouriens ont mis au point une technique ingénieuse : ils ont prélevé des ovules de souris âgées et les ont placés dans des follicules de jeunes souris. Ces follicules, qui entourent les ovules en développement, jouent un rôle crucial en leur fournissant les nutriments nécessaires.

En recréant cet environnement jeune, les scientifiques ont observé un rajeunissement des ovules : les connexions entre l’ovocyte et le follicule se sont renforcées, et le taux d’anomalies chromosomiques a diminué de moitié. Ces résultats sont très encourageants. Lorsque ces ovules rajeunis ont été fécondés et implantés dans l’utérus de souris, le taux de naissances a été multiplié par quatre. Bien que ces expériences aient été réalisées sur des souris, elles ouvrent la voie à de nouvelles perspectives pour le traitement de l’infertilité féminine.

« Cette étude impressionnante met en évidence le rôle crucial de l’environnement folliculaire dans la qualité des ovocytes« , souligne Farners Amargant i Riera, professeur d’obstétrique et de gynécologie. « En outre, elle montre que les méthodes de rajeunissement de cet environnement sont essentielles pour améliorer la qualité des ovocytes et prolonger la fertilité. »

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Vers une application chez l’humain ?

Si ces résultats sont prometteurs, il est important de souligner que des recherches supplémentaires sont nécessaires avant de pouvoir envisager une application clinique chez l’humain. Les scientifiques devront notamment valider ces résultats sur des cellules humaines et étudier les éventuels effets secondaires de cette technique.

Cependant, cette découverte représente une avancée majeure dans le domaine de la biologie reproductive. À terme, elle pourrait permettre de développer de nouveaux traitements pour lutter contre l’infertilité liée à l’âge et d’offrir aux femmes une plus grande liberté dans leur choix de maternité.

Plusieurs défis restent à surmonter avant de pouvoir proposer ce type de traitement aux patientes. Il faudra notamment mettre au point des techniques qui permettent de manipuler les ovules humains de manière précise et reproductible. De plus, les questions éthiques liées à la modification génétique des cellules germinales devront être soigneusement examinées.

Malgré ces défis, cette offre un nouvel espoir pour les femmes qui souhaitent devenir mères à un âge avancé. En permettant de rajeunir les ovules, les scientifiques ouvrent en effet la voie à de nouvelles perspectives pour la procréation médicalement assistée.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.