Aux États-Unis, des chercheurs estiment que peu importe la stratégie adoptée, les ours polaires seront incapables de s’adapter à des étés plus longs. Cette conclusion vient contredire la déclaration d’un autre scientifique qui avait récemment évoqué la possibilité que ces prédateurs puissent survivre à des saisons plus longues sans glace.
Un kilogramme en moins par jour en moyenne
Il y a quelque temps, le rôle de l’ours polaire en tant que symbole de la menace du réchauffement climatique avait été remis en question. En août 2023, un spécialiste interrogé par The Guardian affirmait en effet que les ours polaires pourraient s’adapter à des saisons plus longues sans glace et adopter un comportement plus proche de celui des grizzlis qui chassent et se nourrissent sur la terre ferme. Et pourtant, il semble que cet animal symbolise réellement le déclin de la faune, notamment au Pôle nord.
Une nouvelle étude pilotée par l’Alaska Science Center de l’Institut d’études géologiques des États-Unis réfute effectivement cette affirmation. Les chercheurs ont observé durant trois semaines d’été une vingtaine d’ours polaires qui tentaient différentes stratégies pour maintenir leurs réserves d’énergie, notamment se reposer, se nourrir et se nourrir. Or, ces efforts ont été vains, car les animaux en question ont perdu un kilogramme par jour en moyenne. Selon les scientifiques, dont les résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue Nature Communications le 13 février 2024, aucune des stratégies observées ne pourra permettre aux ours de survivre sur terre au-delà d’un certain temps.
Rappelons tout de même que les grizzlis pèsent environ 350 kg pour une taille de deux mètres, alors que les ours polaires atteignent une masse de 600 kg pour une taille de trois mètres. Ainsi, ces derniers ont besoin de proies plus riches en graisses pour survivre. Or, le phoque, leur proie favorite capable d’assurer cette survie, devient complètement inaccessible lorsque les glaces disparaissent.
Les ours polaires se dirigent vers la famine
Dans le cadre de l’étude, les auteurs ont pesé les ours avant et après l’observation et ont mesuré leurs dépenses énergétiques. Citons également l’installation de caméras et GPS sur les animaux. Les chercheurs ont concentré leurs efforts sur l’ouest de la baie d’Hudson au Manitoba (Canada), la région la plus au nord de l’aire de répartition des ours polaires. Dans cette zone, la population de ces animaux a diminué de 30 % en un peu moins de quatre décennies.
Il s’avère que les scientifiques ont observé une palette de nombreux comportements. Certains mâles ont passé plus de 40 % de leur temps à tenter de se nourrir en consommant tout ce qu’ils trouvaient, allant des carcasses d’oiseaux et de caribous aux graminées et baies, en passant par le varech (une sorte d’algue). D’autres ont au contraire décidé de se coucher afin d’économiser leur énergie. Certains ont tenté de se nourrir grâce à la mer, non sans mal. Au final, seul un des vingt ours observés a réussi à prendre du poids, et ce, grâce à la carcasse d’un mammifère marin mort échoué sur la terre ferme.
Selon les auteurs de l’étude, il y a de très fortes chances que les ours polaires se dirigent vers la famine au fur et à mesure de l’allongement des saisons sans glace. Ce phénomène touchera tous les ours, mais impactera plus durement les adolescents et les femelles avec leurs petits.