Il y a environ deux millions d’années, un ours géant avait fait son apparition en Amérique du Nord. Selon une étude, il s’agirait même du plus imposant prédateur que le continent ait jamais connu jusqu’à aujourd’hui. Il faut dire que ses mensurations sont bien plus conséquentes que celles des grizzlis actuels.
Un ours capable de tuer des proies de grande taille
L’ours à face courte (Arctodus simus) aurait vécu en Amérique au cours du Pléistocène, entre 1,8 million et 10 000 ans avant notre ère. Son extinction s’explique certainement par la disparition d’une bonne partie de ses proies, notamment avec la fin de la dernière ère glaciaire. Avec ses 1,80 m au garrot et 3,50 m debout, cet ours est considéré comme étant le plus imposant prédateur que l’Amérique ait jamais connu, mais aussi probablement le plus grand des mammifères terrestres prédateurs ayant vécu sur Terre durant la dernière ère glaciaire.
Pourtant, cette époque bien plus récente que celle des dinosaures était peuplée de nombreuses autres bêtes féroces. Citons le tigre à dents de sabre (du genre Smilodon), le lion américain (Panthera atrox), le guépard américain (du genre Miracinonyx) ou encore les coyotes de l’ère glaciaire (Canis latrans orcutti).
Ayant fait l’objet d’une étude pilotée par l’Université de Malaga (Espagne) et publiée dans la revue Scientific Reports en 2017, l’ours à face courte était redoutable. Les chercheurs pensent qu’il était capable de tuer des proies de grande taille comme des bisons, des cerfs, des élans et des camélidés de type lama.

Une espèce qui couvrait un territoire immense
Musculature hypertrophiée, mâchoires et dents impressionnantes ou encore vertèbres cervicales particulièrement développées, toutes ces qualités faisaient de l’ours à face courte un prédateur extrêmement dangereux. En revanche, les recherches montrent que l’animal n’avait pas une morphologie taillée pour assumer des poursuites sur de longues distances. Ainsi, il avait l’habitude de se servir de sa grande taille pour effrayer d’autres prédateurs, par exemple le loup sinistre (Canis dirus), afin de s’emparer de leurs proies.
Toutefois, cette espèce présentait des différences selon la situation géographique des individus. Ceux qui se trouvaient dans le Nord-Ouest Pacifique affichaient clairement une hypercarnivorie tandis que ceux qui vivaient dans l’actuelle Californie étaient plutôt omnivores. Étant donné que l’ours vivait sur un territoire allant de l’Alaska au Mexique, les ressources locales n’étaient pas les mêmes, ce qui a suscité une adaptation de sa part.
Aujourd’hui, le descendant unique de l’ours à face courte n’est autre que l’ours à lunettes (Tremarctos ornatus) qui vit principalement dans la région de la Cordillère des Andes. Bien moins imposante physiquement, cette espèce se démarque principalement par sa rareté extrême (seulement 2 000 individus en 2007).