Crédits : PickPik

Ouragan en Jamaïque : faut-il s’inquiéter des tempêtes tropicales plus « lentes » ?

Il y a peu, l’ouragan Melissa et ses vents très rapides ont littéralement dévasté la Jamaïque, dans les Caraïbes. Toutefois, l’une des particularités de cette terrible tempête était sa vitesse, très lente. Plus dangereux car occasionnant davantage de dégâts, ce type de phénomène pourrait malheureusement se multiplier à l’avenir. Que disent les experts ?

Des vents soufflant à environ 300 km/h

Dans la nuit du mardi 28 au mercredi 29 octobre 2025, l’ouragan Melissa a frappé la Jamaïque avec une violence rare, occasionnant des dizaines de décès et des dégâts matériels encore difficile à évaluer. Le lendemain de la catastrophe, 77 % de la population de l’île était privée d’électricité et de réseau téléphonique et les perturbations sont nombreuses en raison des multiples débris jonchant les routes. Il s’agissait du quatrième ouragan majeur de la saison 2025.

Sur l’échelle de Saffir-Simpson, l’ouragan Melissa a atteint le niveau 5, soit le plus élevé possible, un échelon se caractérisant par des vents allant au-delà de 251 km/h. Selon un communiqué de la World Meteorological Organization (WMO), les vents ont soufflé à environ 300 km/h en Jamaïque. Après son passage, l’ouragan a perdu en puissance en arrivant sur Cuba (niveau 3) puis au niveau des Bahamas et des îles Turques-et-Caïques (niveau 2).

Au regard de la vitesse de ses vents, l’ouragan Melissa fait partie de ces tempêtes qui pourraient entrer dans une sixième future catégorie de l’échelle Saffir-Simpson. En 2024, des scientifiques ont en effet suggéré la création d’une catégorie supplémentaire. L’objectif ? Mieux caractériser les ouragan d’extrême intensité. Il faut dire depuis quelques années déjà, ces derniers ont tendance à être plus fréquents, sous l’impulsion de l’actuel réchauffement climatique.

ouragan Melissa
L’ouragan Melissa, sur le poids de frapper la Jamaïque.
Crédits : NOAA’S GOES-19 Satellite / Wikipedia

Les ouragans sont de plus en plus lents

La vitesse des vents n’est pas la seule donnée inquiétante concernant l’ouragan Melissa. En effet, il faut savoir que la tempête elle-même s’est déplacée à une vitesse de seulement 5 km/h. Autrement dit, il aurait été possible de la dépasser rien qu’en marchant. Or en moyenne, les ouragans se déplacent à une vitesse de 20 à 30 km/h. Le 23 octobre 2025, la chaine étasunienne CNN évoquait cette particularité via un article dédié, dans lequel s’est exprimé Kieran Bhatia, météorologue chez Guy Carpenter, une société internationale de gestion des risques et de réassurance. L’intéressé a indiqué qu’en Amérique du Nord, les ouragans ont tendance à ralentir depuis plusieurs années.

« ‘Certaines recherches ont suggéré que le réchauffement climatique pourrait être une cause de cette tendance. », a déclaré le météorologue.

La tendance au ralentissement des ouragans et des tempêtes tropicales a fait l’objet d’une mention dans le dernier rapport majeur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cependant, ceci peut s’expliquer uniquement par la variabilité naturelle, avec un niveau de confiance « moyen », en tout cas pour l’instant. Les liens avec le réchauffement climatique n’ont pas encore été fermement établis.

En attendant, les ouragans plus lents s’accompagnent généralement de pluies torrentielles plus abondantes et, potentiellement, d’une onde de tempête plus importante. A l’avenir, cette caractéristique devrait alerter sur la potentielle nécessité de repenser la résilience des zones vulnérables à ces aléas climatiques.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.