Neandertal
Crédits : gorodenkoff/iStock

L’os gravé d’un ours préhistorique est l’exemple le plus ancien de la culture néandertalienne

Il y a entre 115 000 et 130 000 ans, un Homme de Neandertal vivant dans une grotte en Pologne a gravé une série de 17 marques sur un os d’ours. Il s’agirait de l’un des objets symboliques les plus anciens connus en Europe et l’un des premiers à être associé aux Néandertaliens.

Contexte de la découverte

Un fragment d’un os appartenant à un ursidé, comportant dix-sept incisions (dont une incomplète), avait été découvert dans les années 1950 dans la grotte de Dziadowa Skała qui est située dans les hautes terres de Częstochowa, dans le sud de la Pologne. Cet os avait été mis au jour dans un dépôt contenant des restes d’animaux datant de l’Éémien, il y a environ 130 à 115 000 ans, ce qui nous ramène à l’époque de Neandertal en Europe.

Dès sa découverte, l’objet avait alors été considéré comme la première preuve des capacités cognitives des Néandertaliens dans la région, mais il n’avait jamais fait l’objet d’une étude détaillée.

Récemment, cet artefact a finalement été soumis à une analyse approfondie en utilisant la microscopie et la tomodensitométrie aux rayons X. Cette étude a permis de revoir la densité de l’os, d’examiner sa morphologie et les caractéristiques des incisions (longueur, largeur, profondeur et angle d’ouverture). En outre, il a été possible d’analyser les techniques de fabrication à l’aide d’expérimentations, d’analyses statistiques et de la topographie des incisions.

Révélations sur la fabrication des incisions

Les résultats de l’étude ont fourni des informations cruciales sur la manière dont les incisions ont été réalisées sur l’os. Ils ont révélé qu’elles étaient l’œuvre d’un individu droitier. De plus, l’utilisation d’un outil en pierre retouchée pour réaliser ces incisions implique un certain niveau de planification et de manipulation de l’outil, indiquant ainsi une intentionnalité derrière l’action.

Le fait que ces incisions aient été réalisées lors d’un seul épisode souligne également la cohérence et la continuité dans le processus de création. Cela suggère que l’individu responsable de cette réalisation avait une vision claire de ce qu’il voulait accomplir.

De plus, l’utilisation de mouvements unidirectionnels répétés du tranchant de l’outil pour créer les marques indique une certaine expertise ou habileté dans l’exécution de cette tâche, ce qui renforce l’idée que les incisions étaient intentionnelles et non accidentelles.

Ainsi pour les chercheurs, ce fragment d’os d’ursidé de Dziadowa Skała constitue une autre preuve de l’émergence d’une culture symbolique chez les hominidés en Afrique et en Eurasie. Il représente également le plus ancien exemple d’os marqué au nord des Carpates, offrant ainsi un aperçu précieux des capacités cognitives et artistiques des Néandertaliens de cette région.

néandertaliens os ours
Ces marquages ​​n’ont pas été faits par hasard. Crédits : T. Gąsior/Płonka et al, Journal of Archaeological Science 2024

Chasseurs d’ours

Par coïncidence, une deuxième étude publiée cette semaine a identifié les plus anciennes preuves de massacre d’ours par les Néandertaliens en Europe occidentale. Les auteurs ont analysé des dizaines d’os trouvés dans une grotte en France, dont au moins sept appartenaient à des ours des cavernes tandis qu’au moins cinq étaient attribués à des ours bruns.

Datés d’il y a entre 130 000 et 300 000 ans, les vestiges antiques présentent des marques compatibles avec le dépeçage, indiquant que les animaux étaient chassés pour leur viande et leur fourrure.

Les deux études ont été publiées dans le Journal of Archaeological Science et Quaterary Science Reviews.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.