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Des méthodes améliorées de reproduction assistée pour sauver les oryx algazelles

oryx algazelles
Crédits : Agence environnementale d'Abu Dhabi

Il y a quelques semaines, le Smithsonian Conservation Biology Institute (SCBI) célébrait la naissance de deux jeunes oryx algazelles, fruits d’une insémination artificielle. Les nouveau-nés augmentent non seulement le nombre de spécimens représentant cette espèce en danger critique d’extinction, mais valident également les efforts des chercheurs visant à perfectionner une nouvelle technique de reproduction assistée.

Une espèce en danger critique

L’Oryx algazelle (Oryx dammah), parfois appelé Oryx de Libye ou Oryx blanc, est une espèce d’ongulés évoluant autrefois dans les steppes et les semi-déserts du centre du Niger, du Tchad, du sud de la Libye et du Sahara. Chassées pour leurs cornes, leurs viandes et leurs peaux, leurs populations ont rapidement décliné au cours des années 70 et 80. Depuis 2000, l’espèce est officiellement éteinte dans la nature, d’après la liste rouge de l’UICN.

Fort heureusement, les zoos et autres gardiens privés ont pu en sauver plusieurs spécimens avant que l’espèce ne soit complètement décimée. Des programmes d’élevage mis en place en captivité ont porté leurs fruits. Le plus grand troupeau captif compte aujourd’hui plus de 3 000 spécimens. Vous le retrouverez à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis (EAU). Un premier groupe de vingt-cinq oryx a également été relâché au Tchad en 2016. Aujourd’hui, on recense environ 150 individus.

Les programmes d’élevage en captivité sont évidemment essentiels. Néanmoins, les éleveurs participants doivent toujours veiller à maintenir la diversité génétique de leurs troupeaux au fur et à mesure que les nouvelles générations sont élevées, pour éviter les problèmes de consanguinité. Ce qui n’est pas toujours simple.

Reproduction assistée

Pour pallier à ces problèmes, un protocole d’insémination artificielle a été développé pour la première fois dans les années 1990, à l’initiative du Smithsonian Conservation Biology Institute. L’avantage de ces procédures est qu’elles permettent de s’appuyer sur du matériel génétique stocké ou échangé provenant d’oryx ayant vécu à une époque et dans un lieu différents. Les gardiens d’animaux peuvent également partager du matériel génétique avec d’autres éleveurs pour améliorer le pool génétique de la prochaine cohorte de petits, tout en supprimant le besoin de transporter des mâles sur des milliers de kilomètres.

En 2000, l’organisation a réalisé sa première procédure sur des oryx algazelles, avec une séquence d’injection d’un cocktail d’hormones. Des innovations ultérieures ont ensuite permis aux chercheurs d’imprégner les femelles d’hormones sans recourir à l’anesthésie, qui pouvait interférer avec le cycle d’ovulation.

Là encore, la technique n’était pas simple. Il s’agissait d’utiliser un dispositif de contention hydraulique capable de maintenir une femelle oryx suffisamment immobile (et en douceur) pour que les chercheurs puissent injecter le cocktail d’hormones. Or, les femelles avaient parfois besoin de plusieurs mois pour se familiariser avec l’engin. Il y a trois ans, le SCBI a tout de même réussi à faire naître à un petit oryx issu de cette première procédure de procréation assistée sans anesthésie.

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Deux oryx algazelles. Crédits : Mith

Une technique améliorée produit deux naissances

Plus récemment, les chercheurs du SCBI, dirigés par Budhan Pukazhenthi, physiologiste de la reproduction, ont réussi à réduire la fenêtre d’insémination de la femelle, augmentant les chances pour le sperme de l’oryx de féconder l’ovule dans son corps. Ils ont également établi un nouveau calendrier d’injections d’hormones révisé.

Pour préparer les femelles à la fécondation, l’équipe leur injecte préalablement trois doses distinctes d’hormones. La première contient l’hormone de libération des gonadotrophines qui réinitialise le cycle d’ovulation de la femelle. Sept jours plus tard, les chercheurs injectent de la prostaglandine pour initier un nouveau cycle. Enfin le neuvième jour, ils administrent une dernière dose de la première hormone pour induire l’ovulation au moment de livrer le sperme mâle dans l’utérus.

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Crédits : Institut de biologie de la conservation Smithsonian

Pour la première fois, les chercheurs ont réalisé cette procédure sur neuf femelles en octobre 2020. Et environ huit mois plus tard, deux petits (un mâle et une femelle) sont nés avec succès (visibles ci-dessus). Esmerelda, âgée de six ans, a donné naissance le 9 juillet, tandis que Leanne, une femelle de cinq ans, s’est illustrée le lendemain. Les deux femelles ont été inséminées avec du sperme préalablement congelé collecté il y a vingt et treize ans.

Quant aux deux petits, ils sont toujours avec leur mère, mais pourront bientôt rencontrer de « nouvelles têtes » en s’intégrant au reste du troupeau.