Un groupe d’orques libère une baleine d’une mort certaine. Était-ce intentionnel ?

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Crédits : Lucyna/pixabay

Il y a quelques semaines, plusieurs observateurs ont assisté à une étrange rencontre au large des côtes de l’ouest de l’Australie. Alors qu’une baleine à bosse très mal en point tentait de s’extirper d’un filet de pêche enroulé autour de sa nageoire caudale, un groupe d’orques a visiblement tenté de la libérer. Mais était-ce vraiment le cas ?

Les orques sont connues pour leurs interactions virulentes avec d’autres animaux. En 2018, un photographe avait notamment capturé des images d’un groupe en train de tourmenter des tortues de mer au large des îles Galápagos. En 2016, un autre groupe d’épaulards observé près de la péninsule antarctique avait également encerclé un phoque isolé sur une banquise, avant que deux baleines à bosse ne viennent à sa rescousse.

Plus récemment, il y a environ un an, des touristes avaient également été témoins d’une attaque d’orques profitant de l’isolement d’une jeune baleine à bosse. Le combat aura duré quatre heures avant que les orques n’abandonnent. Ce type d’interaction n’est pas rare. Les orques chassent en effet souvent en groupe dans le but de noyer des proies beaucoup plus grandes, d’où l’intérêt de ce rapport. Le 10 janvier dernier, un groupe d’observateurs Whale Watch Western Australia fut en effet témoin d’une scène impliquant les mêmes protagonistes, mais l’ambiance était différente.

Une baleine à la merci des orques

L’équipe a pu capter une partie de l’interaction grâce à un drone, mais vous ne verrez pas grand-chose sur ces images.

D’après leur témoignage, toutefois, une baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) attira d’abord leur attention. En effet, ces mammifères passent généralement les mois d’été dans l’hémisphère sud où elles nourrissent de krill en Antarctique. Elles ne sont normalement observées au large des côtes australiennes qu’entre juin et août, lors de leur migration vers le nord vers leurs aires de reproduction dans les eaux subtropicales. La présence d’une telle baleine à cette époque était donc une surprise.

Très vite, les observateurs sur le bateau se rendirent compte que l’animal était en mauvaise posture. Maigre et couvert de parasites, un nœud de corde était également enroulé autour de sa queue. Plus inquiétant encore, un groupe d’épaulards commençait à s’approcher. À cet instant, tous comprirent que le sort de la pauvre baleine était probablement déjà scellé. En réalité, l’issue fut différente.

D’après l’équipe, deux orques mâles surnommés Blade et Hookfin commencèrent à se frotter à la baleine par curiosité, un comportement normal pour ces animaux. La baleine riposta ensuite en frappant avec ses nageoires pectorales et sa nageoire caudale sur la surface de l’eau. Ce fut alors que la matriarche du groupe, surnommée Queen, s’approcha rapidement, générant d’énormes remous dans l’eau. Quelques secondes plus tard, l’équipe aperçut alors la corde flotter en surface.

À la surprise des observateurs, les orques continuèrent ensuite leur chemin, nageant dans la direction opposée à la baleine.

Altruisme ou simple désintérêt ?

Pour une raison quelconque, cette baleine est donc sortie indemne de cette rencontre. Pour les observateurs, l’intention des orques semblait presque altruiste. Ce ne serait pas si surprenant. En effet, ces animaux ont des vies sociales très complexes et développent des régions cérébrales associées à l’empathie. Toutefois, on ignore encore si les orques sont réellement capables de tels sentiments envers leurs congénères marins.

C’est également la première interaction de ce genre observée entre des orques et une baleine à bosse dans la baie de Bremer à cette époque de l’année. La notion de période est ici importante. En effet, pour l’équipe, il se pourrait que le régime alimentaire estival des orques soit finalement différent et que les baleines à bosse ne figurent pas au menu. Les orques venaient également peut-être de se nourrir ou l’enchevêtrement les avait possiblement rebutées d’une manière ou d’une autre.