L’orque qui avait poussé son bébé mort pendant 17 jours a un nouveau petit

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Crédits : Center for Whale Research

Tahlequah est une orque tristement célèbre pour avoir porté le cadavre de son bébé mort-né sur des centaines de kilomètres, refusant de le laisser. Depuis, la femelle a repris le cours de sa vie. Et aujourd’hui, elle a un nouveau petit.

Peut-être vous souvenez-vous de cette histoire tragique. Il y a un peu plus de deux ans, les images étaient relayées sur les réseaux sociaux. On y voyait alors une orque, nommée Tahlequah (ou J35), pousser son bébé mort quelques minutes après la naissance en mer pendant dix-sept jours, accompagnée par des femelles de son groupe. Jusqu’à ce qu’elle laisse, finalement, couler la dépouille de son petit. Ces comportements sont connus chez cette espèce. Mais en général, ils ne durent qu’un ou deux jours.

Ceci dit, la tragédie est également collective. Depuis vingt ans, les effectifs de ces orques résidentes du sud de la mer des Salish, sont en effet en baisse. Au cours de cette période, quarante sont nées et 72 sont mortes, portant le nombre de ces cétacés à seulement 72. En outre, en 2018, cela faisait trois ans que ces orques n’avaient pas donné naissance à un petit en bonne santé.

Heureux événement

Toujours est-il que, après avoir poussé le cadavre de son petit pendant dix-sept jours, Tahlequah avait finalement retrouvé son groupe et une activité normale, selon le Center for Whale Research (CWR). Au cours de ces derniers mois, les chercheurs ont même soupçonné l’orque d’être à nouveau enceinte (les périodes de gestation des orques peuvent aller jusqu’à 18 mois). Naturellement, ils ont alors gardé un oeil sur la femelle.

Et bonne nouvelle, Tahlequah a effectivement donné naissance à un nouveau petit il y a quelques jours. Nommé J57, il paraît vif et en excellente santé.

La mère et son petit ont été vus pour la première fois ensemble le 5 septembre dans l’est du détroit de Juan de Fuca, au large de Washington. Au moment de ces observations, les chercheurs ont déterminé que le petit n’était âgé que d’un jour à peine, car sa nageoire dorsale était déjà droite. En effet, celle-ci se redresse généralement un jour ou deux après la mise-bas, après être restée affaissée dans l’utérus.

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J57 et J35. Crédits : Katie Jones, Center for Whale Research (CWR)

Des orques en danger critique

Ce groupe d’orques en voie de disparition compte désormais 73 individus. Notez que le taux de survie des nouveaux-nés est d’environ 60%. Aussi, il est à espérer que J57 atteigne finalement l’âge adulte. L’Homme pourrait notamment jouer un rôle déterminant dans cette entreprise.

En effet, le CWR souligne que le déclin de cette espèce est principalement dû à la diminution du nombre de saumons royaux dans la région. Or, ces poissons constituent la principale nourriture des orques. «La surpêche et la destruction de leur habitat ont fait [de cette espèce de saumon] un poisson non seulement rare mais contaminé par n’importe quoi, du retardateur de flamme au plomb en passant par le Prozac et la cocaïne», expliquait il y a quelques mois l’auteure Susan Casey dans une tribune publiée par le New York Times.

Dans un rapport, la Société américaine de pêche a affirmé que des « changements majeurs », politiques et sociétaux devraient avoir empêché les saumons royaux de s’éteindre. En sauvant les saumons, nous pourrions alors sauver les orques résidentes du Sud.