Nous savons d’où vient le trou noir supermassif de notre galaxie

Sagittarius A trou noir
Les champs magnétiques qui entourent le Sagittarius A*. Crédits : Collaboration EHT

Au cœur de notre galaxie, tapi dans l’obscurité, réside un monstre cosmique : Sagittarius A*. Ce trou noir supermassif, objet de toutes les attentions des astronomes, vient de révéler un secret pour le moins surprenant. Ses dernières observations ont en effet mis en lumière un comportement inattendu, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives sur l’évolution de notre univers.

Une rotation déroutante

Les trous noirs supermassifs, ces monstres cosmiques tapis au cœur de la plupart des galaxies, sont des objets fascinants. Sagittarius A*, le trou noir supermassif situé au centre de notre propre galaxie, ne fait pas exception. Grâce aux images sans précédent capturées par le télescope Event Horizon, les astronomes ont découvert que ce dernier tourne sur lui-même à une vitesse vertigineuse et dans une direction inattendue.

Pour rappel, le télescope Event Horizon (EHT) est un réseau international de radiotélescopes répartis sur toute la planète qui, lorsqu’ils sont combinés, forment un télescope virtuel de la taille de la Terre. Cette configuration unique permet à l’EHT d’observer des objets célestes avec une résolution angulaire extrêmement élevée, ce qui est essentiel pour étudier des phénomènes cosmiques extrêmes comme les trous noirs.

Selon les chercheurs, cette rotation inattendue serait la conséquence d’une fusion survenue il y a environ neuf milliards d’années, lorsque la Voie lactée a englouti une galaxie plus petite, nommée Gaia-Encelade. Lors de cette fusion, les deux trous noirs supermassifs se seraient rapprochés progressivement, avant de fusionner en un seul objet encore plus massif. Le moment angulaire du trou noir plus petit aurait alors été transféré au nouveau trou noir résultant, lui donnant une rotation rapide et désalignée par rapport à l’axe de rotation de la galaxie.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont élaboré des modèles informatiques complexes, simulant différentes configurations possibles pour la fusion des deux trous noirs. Leurs résultats montrent que seul un scénario très spécifique, impliquant une collision à un angle très précis, peut expliquer les observations actuelles.

trou noir supermassif
La première image du trou noir supermassif au cœur de notre galaxie. Crédits : EHT Collaboration

Des implications pour la compréhension de l’Univers

Cette découverte aura des implications importantes pour notre compréhension de l’évolution des galaxies. Elle suggère que les fusions de trous noirs supermassifs sont des événements courants dans l’Univers et qu’elles jouent un rôle crucial dans la croissance et la formation des galaxies.

De plus, cette étude renforce l’idée que les trous noirs supermassifs sont des objets dynamiques, dont l’évolution est marquée par des événements violents et cataclysmiques. Les observations futures, notamment avec les prochaines générations de télescopes, devraient permettre de confirmer cette hypothèse et d’en apprendre davantage sur les mécanismes à l’œuvre lors de ces fusions cosmiques.

Notez enfin que les chercheurs estiment que la fusion ayant donné naissance à Sagittarius A* a probablement généré d’énormes quantités d’ondes gravitationnelles. Malheureusement, ces ondes sont trop faibles pour être détectées par les instruments actuels. Cependant, les futurs détecteurs d’ondes gravitationnelles spatiaux, tels que LISA, devraient être capables de capturer le signal de telles fusions, offrant ainsi une nouvelle fenêtre sur l’Univers et permettant de tester les théories de la gravité.

Les détails de l’étude sont publiés dans Nature Astronomy.