Ils ont créé des embryons hybrides mouton-humain !

L'embryon d'un hybride cochon-humain issu de précédentes recherches. Crédits : Juan Carlos Izpisua Belmonte

Une équipe de chercheurs annonce avoir créé des embryons hybrides mouton-humain qui pourraient un jour représenter l’avenir du don d’organes. Les résultats ont été présentés lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences à Austin, au Texas.

En introduisant des cellules souches humaines dans des embryons de moutons, des scientifiques ont réussi il y a quelques jours à créer le premier organisme mouton-homme interspécifique. Ce dernier présente une créature hybride qui compte plus de 99 % de mouton, et 1 % d’humain. « La contribution des cellules humaines est très faible », note Hiro Nakauchi, biologiste spécialiste des cellules souches à l’Université de Stanford. Il a précisé en ce sens qu’environ une cellule sur 10 000 dans les embryons de mouton est humaine.

La recherche s’appuie ici sur des expériences antérieures menées par une partie de la même équipe qui développaient il y a quelque mois avec succès des cellules humaines dans des embryons de porc en phase précoce, créant ainsi des hybrides porc-humain que les chercheurs avaient décrits comme des « chimères interspécifiques » (entre espèces différentes). Ces expériences, qui divisent encore la communauté scientifique, pourraient un jour offrir une solution unique aux milliers de personnes qui patientent sur les listes d’attente pour des organes.

L’approche est ici différente de la xénotransplantation, dans laquelle un organe appartenant à une autre espèce est transplanté chez l’homme. Si elle se présente comme une alternative pour s’attaquer à la pénurie d’organes, les problèmes de rejets demeurent encore. « Même aujourd’hui, les organes les mieux adaptés, sauf s’ils proviennent de jumeaux identiques, ne durent pas très longtemps car le système immunitaire les attaque continuellement », explique le biologiste Pablo Ross, de l’Université de Californie à Davis (États-Unis). Ces organes produits dans les chimères interspécifiques pourraient être – à l’avenir – un moyen de produire suffisamment d’organes pour répondre à la demande de greffes, par exemple en transplantant un pancréas hybridé, d’un mouton ou d’un cochon, à un patient désespéré.

Pour que la greffe fonctionne, les chercheurs pensent qu’au moins 1 % des cellules de l’embryon devraient être humaines – ce qui signifie que ces premières étapes démontrées chez le mouton sont encore très préliminaires. Bien sûr, augmenter le ratio humain augmente inévitablement les scrupules éthiques sur le genre de créature obtenue, et ce dans le seul but de faire en sorte que ses organes essentiels soient récoltés. « Toutes ces approches sont controversées, et aucune d’entre elles n’est parfaite », note Pablo Ross, « mais elles offrent de l’espoir aux personnes qui meurent au quotidien ». « Nous devons explorer toutes les alternatives possibles pour fournir des organes aux personnes malades. »

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