trous noirs
Oeuvre illustrant des ondes gravitationnelles, des ondulations dans l'espace-temps, générées comme deux trous noirs en spirale l'un dans l'autre. Crédits : LIGO / T. Pyle

Les ondes gravitationnelles pourraient révéler le moment où le temps a commencé

Le cosmos est un lieu de mystères insondables, surtout lorsqu’il s’agit de ses origines. Bien que nous ayons des outils sophistiqués pour observer les étoiles et les galaxies, les premiers instants de l’Univers restent cachés dans l’ombre du passé lointain. Pour percer ce voile, les scientifiques se tournent vers une découverte relativement récente : les ondes gravitationnelles. Ces ondulations dans l’espace-temps prédites par la théorie de la relativité d’Einstein pourraient nous offrir une nouvelle perspective sur cette période éloignée que nous ne pouvons pas voir directement. 

Que sont les ondes gravitationnelles ?

Selon la théorie de la relativité générale d’Einstein, les objets massifs comme les trous noirs ou les étoiles à neutrons déforment l’espace-temps autour d’eux. Lorsque ces objets interagissent les uns avec les autres, ils créent des ondulations dans l’espace-temps, appelées ondes gravitationnelles. Ces vagues se propagent à travers l’Univers à la vitesse de la lumière.

Détecter ces ondes est un défi énorme, car leurs effets sont incroyablement subtils. Les détecteurs modernes, comme LIGO et Virgo, sont conçus pour mesurer des variations de distance infimes, inférieures à la taille d’un atome, provoquées par le passage de ces ondes. Grâce à ces instruments de haute précision, nous avons pu observer des événements cosmiques spectaculaires, tels que les collisions de trous noirs et les fusions d’étoiles à neutrons.

Avec ces avancées, les astronomes souhaitent maintenant utiliser les ondes gravitationnelles pour explorer les premiers instants de l’univers, une période qui reste hors de portée de nos instruments de détection de lumière.

Dépasser les frontières

Pour rappel, juste après le Big Bang, l’Univers était opaque à la lumière, car il était rempli d’un plasma dense de particules chargées. Cette période, appelée l’ère de la recombinaison, a duré environ 380 000 ans. Ce n’est qu’après cette période que les photons ont pu se déplacer librement, donnant ainsi naissance au fond diffus cosmologique, la première lumière visible que nous pouvons observer aujourd’hui. Autrement dit, au-delà de ces 380 000 ans après le Big Bang, l’Univers nous est inaccessible.

En revanche, les ondes gravitationnelles ont pu voyager librement depuis ces tout premiers instants. Et pour cause, contrairement à la lumière, elles ne sont pas affectées par la matière et peuvent traverser le cosmos sans être absorbées. Cela signifie que ces ondes peuvent nous fournir des informations sur des périodes que nous ne pouvons pas étudier autrement.

ondes gravitationnelles
Crédits : peterschreiber.media/istock

Une nouvelle méthode pour explorer l’Univers primitif

Récemment, des chercheurs ont développé une approche novatrice pour étudier ces ondes gravitationnelles. Leur point de départ ne concernait pas directement ces structures, mais la physique des plasmas dans les réacteurs de fusion nucléaire. La fusion nucléaire, le processus qui alimente les étoiles, pourrait un jour fournir une source d’énergie propre et illimitée. Les équations qui régissent le comportement des plasmas dans ces réacteurs sont complexes, mais elles partagent des similitudes avec celles qui décrivent les ondes gravitationnelles.

En utilisant des modèles mathématiques issus de la physique des plasmas, les chercheurs ont pu adapter leurs équations pour explorer comment les ondes gravitationnelles interagissent avec la matière. Cette approche a révélé que les interactions entre les ondes gravitationnelles et les particules pourraient fournir des indices précieux sur les conditions de l’Univers juste après le Big Bang.

Concrètement, les chercheurs ont découvert que bien qu’elles ne projettent pas d’ombre comme la lumière, les ondes gravitationnelles peuvent influencer la matière de manière mesurable. En étudiant comment ces ondes affectent la matière et le rayonnement que nous pouvons observer aujourd’hui, les scientifiques espèrent obtenir des informations indirectes sur les premières étapes de l’univers.

Ce travail théorique, publié dans le Journal of Cosmology and Astroparticle Physics, est encore en développement. Les formules mathématiques développées jusqu’à présent sont prometteuses, mais il faudra encore des efforts pour obtenir des résultats significatifs. Leur objectif sera de comprendre comment les ondulations de l’espace-temps ont interagi avec la matière primitive et comment ces interactions pourraient être détectées à travers les observations actuelles.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.