On sait désormais pourquoi nos yeux bougent durant notre sommeil

Crédits : claudioscot / Pixabay

La fonction des mouvements oculaires rapides, qui se produisent lors du sommeil paradoxal, est longtemps restée une véritable énigme pour la science. Néanmoins, une toute nouvelle étude est venue apporter de nouveaux éléments permettant d’en offrir une meilleure compréhension. Explications.

Lorsque nous dormons, notre sommeil est divisé en différentes phases. L’une d’entre elles, qui est connue sous l’appellation de sommeil paradoxal, se caractérise par une activité onirique particulièrement intense et par des mouvements oculaires rapides (MOR). Pour autant, bien que ce dernier phénomène soit connu depuis 1937, sa fonction est restée jusqu’à présent relativement mystérieuse. Pour tenter d’y apporter une explication, certains scientifiques ont néanmoins avancé l’hypothèse que ces mouvements oculaires pourraient être la résultante d’un traitement visuel de l’information au sein des rêves à l’instar de celle qui se produit à l’état d’éveil.

Pour tester la validité de cette théorie, une équipe internationale de chercheurs a réalisé une étude, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature. Celle-ci consistait à étudier chez 19 volontaires atteints d’épilepsie les réponses cérébrales face aux mouvements oculaires aussi bien à l’état de veille que de sommeil. Pour ce faire, les scientifiques ont profité d’électrodes implantées dans le cerveau de ces patients dans le cadre de leur traitement pour suivre de façon extrêmement précise l’activité de près de 2000 neurones. En parallèle, l’activité des mouvements oculaires était quant à elle surveillée par électro-oculographie.

À l’issu de cette analyse, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les mouvements oculaires rapides avaient sensiblement la même fonction au sein du sommeil paradoxal que durant l’éveil, à savoir réorganiser l’activité neuronale lors de l’apparition de nouvelles images. « Les mouvements oculaires pendant l’éveil façonnent notre vision, chacun d’entre eux correspondant à la formation d’une nouvelle image sur la rétine que le cerveau va ensuite traiter », nous explique Thomas Andrillon, l’un des auteurs de l’étude, relayé par le site Sciences & Avenir. Or, « ces mouvements oculaires pendant le sommeil et l’éveil ont des conséquences similaires sur l’organisation de l’activité cérébrale dans les aires visuelles et mnésiques », déclarent les chercheurs.

Les scientifiques ont en outre noté que peu de temps avant que survienne un MOR, les neurones analysés avaient tendance à s’inactiver pour se réactiver juste après. Ce phénomène est similaire à ce qui se passe lorsque, durant l’état d’éveil, nos yeux basculent rapidement d’une image à une autre. « Ces mouvements sont si rapides que l’information visuelle (ndlr: durant le mouvement) est “supprimée” par le cerveau », expliquent les chercheurs. Cette découverte suggère donc que les MOR durant un rêve ne seraient pas la conséquence de l’analyse approfondie d’un paysage visuel, mais plutôt la résultante du « zapping » d’une scène (ou d’une image) à une autre.

Bien que d’autres travaux seront nécessaires pour confirmer et approfondir ces résultats, cette étude ouvre néanmoins la voie à de nouvelles pistes qui permettront de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre au sein des rêves.

Sources : NatureSciences & AvenirScience & Vie