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On sait désormais pourquoi les grands dinosaures herbivores ont longtemps été absents des tropiques

Crédits : Dmitry Bogdanov / Wikipédia

Après plusieurs décennies d’interrogations, une équipe internationale de paléontologues est finalement parvenue à comprendre pourquoi les dinosaures à long cou étaient absents des tropiques pendant les 30 millions d’années ayant suivi leur apparition sur Terre. Une découverte rendue possible grâce à l’analyse isotopique de roches qui a permis de reconstituer le climat régnant dans cette partie du monde à cette époque.

Les paléontologues du monde entier ont longtemps cherché à comprendre pourquoi les grands dinosaures herbivores à long cou — sauropodomorphes — étaient absents des tropiques pendant les 30 millions d’années qui ont suivi leur apparition sur Terre. Un constat qui laissait d’autant plus perplexes les scientifiques que ces animaux étaient présents, durant cette même période, à quelques latitudes plus au nord et au sud de l’équateur. Aujourd’hui, il semblerait que cette énigme ait enfin trouvé une réponse, si l’on en croit une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs dont les résultats ont été publiés lundi dans la revue PNAS.

En analysant des roches prélevées au Nouveau-Mexique vieilles de 205 à 215 millions d’années, les scientifiques ont pu reconstituer le climat qui régnait dans les tropiques à cette époque – Le nord du Nouveau-Mexique étant de ce temps-là extrêmement proche de l’équateur. Or, cette période qui correspond à la fin du Triasique suit de seulement quelques dizaines de millions d’années l’apparition des premiers sauropodomorphes – estimée à 230 millions d’années.

À partir des isotopes de carbone et d’oxygène contenus dans ces roches, les auteurs de l’étude sont ainsi arrivés à la conclusion que le taux extrêmement élevé de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère à cette époque — 4 à 6 fois plus important qu’aujourd’hui — rendait le climat des tropiques grandement instable avec des alternances brutales entre des saisons humides et des périodes chaudes et arides. Ces sécheresses intenses pouvaient donner naissance à de gigantesques incendies dégageant des températures extrêmes. En effet, en analysant les fossiles de charbon de bois datant de cette époque, les scientifiques ont estimé que la chaleur émise par ces feux pouvait parfois avoisiner les 600 °C.

Par ailleurs, l’étude de pollens fossilisés a permis aux chercheurs d’identifier la majeure partie des variétés de plantes qui existaient alors dans cette région. Et comme on peut facilement l’imaginer au vu de ce qui a été expliqué précédemment, le climat n’était pas propice au développement d’une végétation abondante et permanente qui aurait été nécessaire pour assurer la survie des grands dinosaures herbivores.

« Ce climat, avec des fluctuations aussi extrêmes, ainsi que les vastes incendies qui se produisaient périodiquement permettaient seulement aux petits dinosaures bipèdes carnivores de survivre comme le Coelophysis », conclut Jessica Whiteside, paléontologue à l’université de Southampton au Royaume-Uni et auteur de cette étude.

Sources : PNAS — AFP