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Peut-on entraîner son cerveau à lire un livre en quelques minutes ?

Crédits : Pixabay/StockSnap

47 minutes pour lire le dernier tome d’Harry Potter, improbable ? C’est pourtant bien ce qu’a réalisé en 2007 Anne Jones, sextuple championne du monde de lecture rapide. Cela correspond à une moyenne de 4 200 mots par minutes contre environ 200 à 400 pour un lecteur averti «normal ». D’où proviennent ces techniques de lecture accélérée ?

Gain de temps, plus grande concentration et intensification du plaisir retiré de la lecture… les avantages de la lecture rapide sont multiples. Si bien que cela est véritablement devenu le nouveau business de l’ère du numérique. Des méthodes pour entrainer son cerveau sont désormais disponibles sur internet, chacune proposant un programme infaillible. Certaines applications telles que ZapReader considèrent même que le mouvement de balayage des yeux, ralentissant la lecture, est inutile et font donc défiler les mots un à un au centre de l’écran.

Essayons de comprendre le mécanisme. Lorsqu’on lit, on mobilise principalement la vue certes mais aussi deux mémoires différentes: la mémoire visuelle et la mémoire sémantique. Voici ce qu’il se passe : l’oeil voit les mots, envoie leurs images au cerveau qui va les comparer à ce qu’il connait déjà (mémoire visuelle) avant de leur attribuer un sens (mémoire sémantique), ce qui vous permet de comprendre la phrase rapidement. S’il est plus difficile d’améliorer la capacité du cerveau à attribuer un sens à l’image, la mémoire visuelle est, elle, entraînable. 200 à 400 mots par minute pour un lecteur normal soit entre 6 et 10 arrêts inconscients pour chaque ligne. Comment la lecture rapide permet de changer de vitesse de lecture tout en restant compréhensible ? Tout simplement en faisant un recours plus important à votre vision périphérique. En lisant comme à votre habitude, tout se passe comme si vos yeux prenaient la peine de discerner nettement chaque mot. Cet effort est en réalité inutile et pourrait largement être soulagé par la capacité de votre vision périphérique à reconnaitre les formes. L’idée est de balayer du regard la phrase en «visant» un mot sur trois ou quatre, et non en lisant mot à mot. La lecture rapide est presque devenue un sport. Pour y exceller il suffirait alors de s’armer de motivation. En effet, dès lors que l’individu fait preuve d’un grand engouement et qu’il sait qu’il est capable de s’améliorer alors il peut décupler le nombre de mots lus par minute très rapidement.

Néanmoins, pour Elizabeth Schotter et son équipe de l’Université de Californie, l’accélération ne peut se faire qu’au détriment de la compréhension. Le balayage des yeux ne représente en réalité que 10% du temps de lecture, ainsi le gain de temps ne peut se faire qu’au niveau des processus cognitifs. Il serait par conséquent impossible de ne pas perdre la compréhension en route. Le seul moyen d’avoir une lecture efficace serait alors, sans secret, d’être assidu à la lecture, d’enrichir ses connaissances générales et son vocabulaire afin d’être en mesure d’intégrer facilement les nouvelles notions abordées. Woody Allen se rattache d’ailleurs à cette idée, avec ironie : « J’ai pris un cours de lecture rapide […] et ai été capable de lire Guerre et paix en 20 minutes. Ça parle de la Russie. ». Comment expliquer dès lors les records de 15 000 mots par minute? Pour, Donald Homa de l’université d’Arizona cela n’est dû qu’à leur dextérité à tourner les pages…

Sources : NicolasBeretti,CerveauEtPsycho,

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