Pendant des décennies, d’étranges formations circulaires situées près de Sunbury, dans l’État de Victoria, en Australie, ont intrigué les chercheurs et les habitants. Ces structures concentriques, visibles depuis les airs, étaient d’abord considérées comme des formations naturelles. Cependant, des recherches récentes ont révélé qu’elles ont en réalité été façonnées par les peuples aborigènes, notamment les Wurundjeri Woi-wurrung, il y a environ 1 400 ans.
Cette découverte marque une avancée majeure dans la compréhension des pratiques culturelles et spirituelles des Premières Nations australiennes, souvent négligées par l’histoire officielle.
Les cercles de Sunbury : une découverte archéologique fascinante
Les formations en question, appelées « anneaux de terre », sont constituées de monticules de terre et de pierres disposées en cercles concentriques. Elles mesurent entre 10 et 25 mètres de diamètre et sont alignées avec des éléments naturels environnants. Ces structures ont d’abord été interprétées comme des anomalies géologiques, mais les fouilles et analyses récentes ont révélé qu’elles avaient été créées de manière intentionnelle par les peuples aborigènes.
Comment ont-elles été construites ?
Les chercheurs pensent que les Wurundjeri ont élaboré ces cercles en procédant de la manière suivante :
- Dégagement de la végétation sur le site choisi, afin de préparer le terrain.
- Raclage et excavation du sol pour former des monticules circulaires.
- Disposition de pierres et d’éléments naturels dans un agencement spécifique.
- Utilisation du site pour des rituels et des cérémonies, possiblement liées à des rites de passage ou à des réunions tribales.
Des artefacts découverts dans la région, notamment des outils en pierre et des restes de feux de camp, suggèrent que ces structures avaient une fonction sociale et spirituelle.

Une signification spirituelle et sociale profonde
Les Wurundjeri Woi-wurrung font partie des nations aborigènes occupant la région de Melbourne et ses environs depuis plus de 40 000 ans. Leur culture est riche en traditions orales, en cérémonies et en savoirs environnementaux transmis de génération en génération.
Les cercles de Sunbury pourraient avoir servi à plusieurs fins :
1. Des sites de cérémonies rituelles
Comme les bora rings retrouvés dans d’autres régions d’Australie, ces structures auraient pu être utilisées pour des rituels initiatiques. Chez certains peuples aborigènes, les jeunes hommes passaient par des épreuves et des cérémonies marquant leur passage à l’âge adulte.
2. Des lieux de rassemblement communautaire
Les cercles auraient également pu servir de lieux de rencontre pour des négociations, des échanges commerciaux ou des rassemblements intertribaux. Les peuples aborigènes disposaient de réseaux commerciaux étendus, échangeant des biens comme l’ocre, les outils en pierre et les peaux d’animaux sur de longues distances.
3. Une connexion avec l’astronomie et la nature
Certaines études suggèrent que ces cercles pourraient être alignés avec des éléments astronomiques, comme les mouvements du soleil et de la lune. D’autres théories avancent qu’ils pourraient être liés aux cycles naturels, comme les saisons et les migrations animales.
Un patrimoine menacé par le temps et la modernité
Bien que des centaines de ces structures aient existé à travers l’Australie, la majorité d’entre elles ont disparu au fil du temps. Plusieurs facteurs expliquent cette disparition :
| Facteurs de disparition | Explications |
|---|---|
| L’érosion naturelle | Le vent, la pluie et la croissance de la végétation ont progressivement effacé certaines de ces structures. |
| L’urbanisation | L’expansion des villes, notamment autour de Melbourne, a détruit plusieurs sites archéologiques. |
| La colonisation britannique | À partir de 1788, la colonisation a entraîné le déplacement forcé des populations aborigènes et la destruction de nombreux sites culturels. |
Aujourd’hui, seuls quelques dizaines de ces anneaux subsistent. La communauté Wurundjeri Woi-wurrung, avec l’aide d’archéologues et d’organisations culturelles, œuvre pour leur protection et leur reconnaissance.
Comparaison avec d’autres sites dans le monde
Si ces cercles aborigènes sont uniques en Australie, des formations similaires existent ailleurs dans le monde :
| Lieu | Type de structure | Signification probable |
|---|---|---|
| Royaume-Uni | Cercles de pierres (Stonehenge) | Cérémonies religieuses et observations astronomiques. |
| Cambodge | Monticules circulaires | Structures cérémonielles et territoriales. |
| Amérique du Nord | Mound Builders (tribus amérindiennes) | Rituels funéraires et réunions sociales. |
Cette ressemblance entre des cultures éloignées dans le temps et l’espace soulève des questions fascinantes sur l’universalité de ces constructions et leur rôle dans les sociétés humaines anciennes.
Pourquoi cette découverte est-elle importante ?
La reconnaissance de ces structures comme des œuvres humaines et non des formations naturelles change profondément notre compréhension de l’histoire australienne.
Elle met en lumière plusieurs aspects :
- L’ingéniosité et l’organisation des peuples aborigènes, qui maîtrisaient des techniques complexes de construction bien avant l’arrivée des colons européens.
- L’importance de préserver le patrimoine culturel autochtone, souvent effacé par l’histoire coloniale.
- La nécessité de réévaluer les sites géologiques en Australie, car d’autres structures aborigènes pourraient être encore méconnues ou mal interprétées.
Conclusion : un trésor archéologique à protéger
Les cercles de Sunbury sont bien plus que de simples formations de terre : ils sont les témoins d’une culture riche et sophistiquée, transmise à travers les générations.
Le travail des archéologues et des communautés autochtones est crucial pour préserver ce patrimoine. Grâce à ces découvertes, nous pouvons mieux comprendre et reconnaître l’histoire des Premières Nations australiennes, qui mérite une place centrale dans le récit national.
