Mais pourquoi diable les femmes se bandaient-elles ainsi les pieds en Chine ?

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La coutume des pieds bandés, pratiquée sur les femmes durant un millénaire en Chine, n’existe pratiquement plus aujourd’hui. La signification de cette coutume n’est pas toujours comprise hors d’Asie : il s’agissait d’atteindre un idéal de beauté féminine.

Apparue au Xe siècle, la coutume des pieds bandés a d’abord concerné les classes sociales aisées avant de s’étendre à une plus large partie de la population. Créée en 1898, la Société pour l’émancipation des pieds est une organisation civile qui s’est farouchement opposée à cette pratique à la fin de la dynastie Qing (1644–1912).

La pratique consistait à replier les doigts de pieds des femmes vers la voûte plantaire et à entretenir cette modification avec des bandages à changer chaque jour, ainsi que le port de chaussures pointues. Le but était d’atteindre si possible une longueur de pied jugée idéale de 7,5 cm (lotus d’or), summum de la beauté féminine pour les hommes de l’époque.

Chaussures pointues de taille idéale en forme de lotus d’or
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En effet, une croyance populaire stipulait que modifier ainsi les pieds des femmes permettait de rendre plus tendus et serrés leurs muscles vaginaux tels que le plancher pelvien, ce qui augmentait selon la croyance, le plaisir des hommes durant l’acte sexuel. Les pieds bandés donnaient également une démarche atypique aux femmes, une sorte de petit trottinement que les hommes appréciaient fortement.

Schéma de comparaison issu d’une radio aux rayons X entre des pieds normaux et des pieds bandés
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Les femmes qui s’adonnaient à cette pratique (souvent depuis l’enfance) avaient pour but d’attirer un homme riche afin de se faire entretenir et échapper au dur labeur. Les femmes aux pieds bandés étaient donc improductives et avaient à l’époque une fonction décorative, sexuelle et reproductrice. Avoir une ou plusieurs de ces femmes sous leur toit étaient un symbole fort pour les hommes : montrer leur puissance et leur richesse.

Il s’agit, disons-le, d’une horrible pratique très douloureuse et parfois source de complications pouvant entraîner la mort. Citons une de ces dérives : la septicémie, une infection grave qui se propage dans l’organisme par voie sanguine et qui touche 10 % des femmes aux pieds bandés. La circulation sanguine était par ailleurs très impactée par les bandages, ce qui rendait les pieds très douloureux en hiver et était source d’infections durant l’été.

Il reste aujourd’hui peu de femmes encore vivantes pour parler de cette pratique subie dès leur enfance. L’une d’entre elles, âgée de 84 ans, nommée Wang Huiyuan, s’est exprimée en 2015. Cependant, il existe bien un dernier endroit où cette coutume existe encore : le village de Beijiao, un village isolé situé sur le littoral de la province du Fujian. Ici, rien n’a changé ou presque malgré les interdictions et l’évolution de la société.

Sources : Chine InformationsEpoch TimesTerrafemina