Masdar ou le mirage d’une cité écologique !

Crédit : Forgemind ArchiMedia / Flickr

C’est une vision écologique et futuriste que la ville de Masdar devait renvoyer au monde entier. Dans une démarche de développement durable, l’émirat d’Abu Dhabi s’était lancé en 2008 le projet de construire la première cité vide de déchets et d’émissions de carbone. Avec un budget de dix milliards d’euros, la ville devait abriter près de 50 000 habitants et plus de 1500 entreprises ! Aujourd’hui, Masdar ne semble avoir été qu’un mirage fondé sur des espoirs bercés d’illusions.

Ce grand projet avait été mis à la charge du célèbre cabinet britannique d’architecture « Foster and Partners ». La ville avait été dessinée de façon à ce qu’elle n’émette aux déchets ! Grâce à des murs protégeant la cité des vents chauds en provenance du désert et des ruelles paisibles où devaient s’écouler des cours d’eau rafraîchissants, Masdar devait attirer toutes les grandes fortunes du pays pour sa tranquillité et son unicité. Les voitures y auraient été interdites et remplacées par un tramway électrique. La marche et le vélo y auraient été privilégiés pour rejoindre les commerces situés à 200 mètres de toutes habitations.

Le fonctionnement énergétique de la cité aurait dû s’établir en totale résilience avec l’environnement extérieur et créer un écosystème unique où rien ne se perd. L’intégralité des déchets devait être recyclée, le coût de dessalement réduit de 80 %, les eaux usées réutilisées dans le domaine agricole, une partie des cultures consacrée à la production d’agrocarburant, etc. Située au cœur du désert, la ville aurait par ailleurs dû s’enrichir de son exceptionnel ensoleillement grâce à la production d’énergie solaire.

Crédits : Wikimedia

Alors qu’en 2008, l’Émirat d’Abu Dhabi détenait près de 8 % des réserves pétrolières mondiales, le pays s’intéressait déjà aux énergies respectueuses de l’environnement : la cité devait devenir la Silicon Valley des énergies renouvelables ! Malheureusement, le projet s’est très vite vu ensevelir par le crash boursier de 2008 et la baisse des prix de pétrole imposée par l’Organisation des Pays exportateurs de Pétrole.

Aujourd’hui, la ville ne mesure que 150 000 mètres carrés et ne compte qu’une centaine d’habitants. La cité est entourée de fondations et de chantiers en instance. On y retrouve cependant l’Irena, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables et l’Institut des Sciences et des Technologies (MIST). La ville n’a guère plus rien de renouvelable et n’est plus que le reflet d’une intense surconsommation : les buildings sont tous climatisés et de grosses voitures traversent les rues. La cité n’a plus pour objectif de devenir une ville zéro déchets, mais uniquement une ville à faibles émissions carbone. C’est en 2030 seulement que Masdar sera totalement fonctionnelle.

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