Cartographie : quand la religion s’occupait de représenter le monde au Moyen-Âge

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Au Moyen-Âge, la religion chrétienne était garante du savoir scientifique (en ce qui nous concerne). L’Église avait alors pris le relais des savants grecs et se chargeait d’élaborer les cartes représentant le monde. Teintées de croyances, ces cartes ont façonné les esprits de l’époque.

Dans l’Antiquité, la Terre était ronde, cela ne faisait aucun doute. C’est une notion de sphéricité qui n’a jamais disparu contrairement à ce que l’on pourrait croire. La Terre n’a jamais été considérée comme un disque plat flottant sur les eaux et était qualifiée des appellations en latin « globus » (globe) et « spera » (sphère).

Cependant, le Moyen-Âge est synonyme de passage de pouvoir envers l’église en ce qui concerne le savoir et les cartes représentant le monde ne prenaient en compte que les terres habitées : les mappemondes, dont la forme en « chlamyde » (ovale) que l’on retrouve parfois, tend à rappeler que l’on ignorait ce qui se trouvait sur le reste de la surface du globe, un peu comme ce qui se fait durant l’Antiquité avec des cartes volontairement incomplètes.

Les cartes médiévales trouvent leur principale différence dans l’introduction d’éléments bibliques. Le monde était divisé en trois parties (Afrique, Europe et Asie), héritage du partage réalisé après le Déluge entre les fils de Noé présent dans la Bible. L’Asie était considérée comme une terre d’hommes libres (Sem), l’Europe comme une terre de guerriers (Japhet) et l’Afrique comme une terre d’esclaves (Cham). Les cartes façonnaient alors la représentation du monde (forme et disposition des terres) et des humains (considération ethniques et sociales) dans l’esprit des chrétiens.

Au VIIIe siècle, les cartes prennent une forme spéciale que l’on nomme « T dans O ». Les trois continents connus sont représentés avec la ville sainte de Jérusalem au centre, le nombril du monde. Deux fleuves forment le T, à savoir le Tanaïs (horizontal) et le Nil (vertical). Il s’agit néanmoins d’un monde fini puisque le O est incarné par un océan circulaire infranchissable. La notion d’ignorance du reste du monde disparaît alors dans une volonté de ne représenter que le monde habité et connu.

Longtemps après, au XVe siècle et la découverte de l’Amérique, l’Église a été contrainte de revoir sa représentation du monde puisqu’un nouveau continent est apparu, complétant le monde habité par l’Homme. C’est ainsi qu’apparaît cette nouvelle carte à l’apparence d’une fleur (voir ci-dessous) représentant toujours Jérusalem au centre et les trois continents « classiques ».

Cependant, les deux fleuves de la carte T dans O ont disparu, tout comme l’océan circulaire. Dans le coin en bas à gauche de la carte apparaît timidement l’Amérique, « le Nouveau Monde » tout juste découvert dont on ne connaît que peu de choses encore…

Cette influence de la religion en cartographie est bien expliquée dans un ouvrage très intéressant intitulé L’invention des continents paru en 2009 et écrit par le géographe français Christian Grataloup.

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