Pour la première fois en 170 ans, des chercheurs ont confirmé les observations d’un akarat à sourcils noirs à Bornéo. La redécouverte de l’oiseau résout ce qu’un guide ornithologique réputé décrit comme « l’une des grandes énigmes de l’ornithologie indonésienne ».
L’akarat à sourcils noirs (Malacocincla perspicillata) a été décrit pour la première fois vers 1850, suite à la collecte du seul et unique spécimen connu de l’espèce. Problème, le spécimen a d’abord été « étiqueté » comme étant originaire de l’île de Java, plutôt que de Bornéo. De fait, les premières tentatives visant à localiser certains de ses congénères ont naturellement échoué. Ceci étant dit, aucun ornithologue n’a ensuite réussi à retrouver l’oiseau une fois la confusion géographique dissipée.
La situation a commencé à évoluer en 2016. À l’époque, les membres de la fondation de BW Galeatus, un groupe d’observation d’oiseaux sur le territoire de Bornéo, avaient contacté les populations locales pour en apprendre davantage sur la diversité aviaire de leurs provinces.
Excitation, incrédulité et beaucoup de bonheur
Deux locaux – Muhammad Suranto et Muhammad Rizky Fauzan – étaient alors curieux de connaître l’identité d’un oiseau noir et brun qu’ils apercevaient parfois dans la forêt du Kalimantan du Sud. En octobre dernier, les deux curieux ont réussi à capturer l’un de ces oiseaux pour le photographier. Ils ont ensuite envoyé les photos à Joko Said Trisiyanto, membre de BW Galeatus.
« J’étais confus lorsque nous avons obtenu ces images. L’oiseau ressemblait un peu au babillard de Horsfield (Malacocincla sepiaria), mais il ne correspondait pas vraiment », explique l’ornithologue. « Les photos correspondaient plus étroitement à une illustration d’un babillard à sourcils noirs (ou akarat à sourcils noirs) ». Dans son guide, cet oiseau était pourtant répertorié comme « peut-être éteint ».
Perplexe, M. Trisiyanto a transmis les images à son collègue Panji Gusti Akbar, qui a confirmé l’identité de l’oiseau. Et forcément, ça lui a fait un drôle d’effet. « J’ai commencé à arpenter ma maison, essayant simplement de contenir mon enthousiasme », a-t-il déclaré. « Quand nous avons eu la confirmation de l’identification, j’ai fait une petite prière et je me suis prosterné pour célébrer. J’ai ressenti de l’excitation, de l’incrédulité et beaucoup de bonheur ».
Depuis, d’autres ont confirmé l’existence de cet oiseau, y compris Ding Li Yong, un de la BirdLife International à Singapour. Ce dernier a d’abord pensé à une farce. « Il m’a fallu un certain temps pour comprendre », a-t-il expliqué. « Une fois que je me suis rendu compte que les photos étaient vraies, j’ai eu une larme à l’œil ».
L’identité de l’oiseau désormais confirmée, M. Trisiyanto a demandé à M. Suranto et M. Fauzan de relâcher l’animal dans la forêt, soulignant que cette redécouverte pourrait booster le tourisme dans la région. Le chercheur prévoit également de les former en tant que guides d’observation des oiseaux, et compte se rendre directement sur place une fois que les restrictions liées au Covid-19 seront levées.