La zone qui se nommait autrefois « océan Antarctique » a une influence importante sur le climat à l’échelle mondiale. Toutefois, des centaines de chercheurs ont dernièrement déploré un « manque chronique d’observations » dans cette zone. Or, le manque d’informations sur l’océan austral pourrait altérer notre compréhension de la crise du climat dans sa globalité.
Une compréhension globale du climat altérée
D’une superficie de 20 millions de km², l’océan Austral englobe la zone située entre le 60e parallèle sud et le continent antarctique. Son influence sur le climat est loin d’être négligeable, car l’océan Austral centralise l’absorption de la chaleur et du CO2 par les surfaces océaniques. Néanmoins, les données concernant cette zone sont plutôt limitées, un manque qui pourrait représenter un sérieux problème.
Lors d’une conférence organisée par le The Southern Ocean Observing System (SOOS) du 14 au 18 août 2023 à Hobart (Australie), environ 300 scientifiques ont en effet estimé que la compréhension plus globale de la crise du climat peut être altérée par le manque de données concernant l’océan Austral. Les experts, dont les déclarations ont été reprises dans un communiqué, déplorent manque chronique d’observations in situ concernant notamment certains changements brutaux comme la diminution drastique de la banquise, l’augmentation de la température de l’eau ou encore des changements importants chez les populations de manchots.
Un désert de données
Il faut dire que la banquise antarctique a tout récemment atteint les niveaux les plus bas au cours des deux derniers étés de l’hémisphère Sud. En juin 2023, des données satellitaires ont en effet montré qu’elle avait perdu une surface de près de 2,5 millions de km². Or, cette fonte est d’une l’ampleur jamais égalée, alors que la saison approche du pic de l’hiver.
Pour certains chercheurs, cet événement est inattendu et cela traduirait une faiblesse du système d’observation. Malheureusement, il semble que les modèles climatiques existants qui concernent l’échelle globale ont des difficultés à reproduire les changements dans l’océan Austral. Or, cela serait une conséquence directe du manque de données. De plus, ce fait est d’autant plus inquiétant que les scientifiques sont certains qu’au fur et à mesure du réchauffement planétaire, la zone autour de l’Antarctique subira des événements extrêmes de plus en plus nombreux.
Les chercheurs ont bel et bien souligné une augmentation de la quantité de données si l’on considère l’océan dit « mondial ». En revanche, ils ont qualifié l’océan Austral de désert de données. Et malheureusement, ces informations sont cruciales pour tenter de répondre à certaines questions dont l’urgence ne fait aucun doute.