Observation inquiétante, la quantité de chlore augmente en Arctique

arctique ours polaire
Crédits : Wikimedia Commons.

À l’extrémité nord de l’Alaska, des scientifiques ont récemment identifié des réactions chimiques – jamais observées jusqu’à présent – impliquant du chlore. Ces réactions ont été déclenchées par l’apport d’oxydes d’azote émis plus au sud suite à l’extraction et l’utilisation de combustibles fossiles. Les résultats ont été publiés en juillet dernier dans la revue Environmental Science and Technology.

De par les émissions de gaz à effet de serre associées, l’utilisation de combustibles fossiles provoque un réchauffement du système climatique. Une des conséquences les plus visibles de ce dernier est le recul drastique de la banquise arctique. Aussi, l’écosystème polaire a subi des bouleversements majeurs sur les dernières décennies. Lesquels ont été aggravés par d’autres fléaux comme la pollution aux microplastiques.

Quand les oxydes d’azote stimulent la production de chlore

De nouvelles mesures de terrain à l’extrême nord de l’Alaska révèlent que les énergies fossiles ont également un impact sensible sur la chimie naturelle de l’Arctique. En effet, lors de leur extraction ou combustion, des oxydes d’azote (NOx) sont libérés.

Or, si cette activité a lieu à proximité du cercle polaire, les NOx se propagent en profondeur dans l’environnement arctique. Ils subissent alors une série de réactions qui mène à la formation d’agents chlorés. De fait, la quantité de chlore présent dans le Grand Nord tend à augmenter. Dans le cas de cette étude, les émissions d’oxydes d’azote étaient originaires de la ville de Barrow.

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Les deux réactions complémentaires identifiées par les chercheurs : l’une en atmosphère libre, l’autre – de recyclage – passant par le manteau neigeux. Crédits : Stephen M. McNamara & al. 2019.

Les chercheurs ont montré qu’il existait en fait deux réactions impliquées dans la hausse observée. Une en atmosphère libre et une autre qui passe par l’intermédiaire du manteau neigeux. Le printemps – période de transition entre la nuit et le jour polaire – étant la saison critique où l’essentiel de la chimie s’active.

Un phénomène qui risque de s’accentuer à l’avenir

« Cette étude montre que si nous continuons à brûler des combustibles fossiles en Arctique et à produire ces gaz, cela aura un impact supplémentaire sur le bel équilibre que nous avions là-bas depuis des siècles », avance Jose D. Fuentes, co-auteur du papier.

Rappelons que le chlore atomique est un puissant oxydant. Aussi, en modifiant sa concentration, les équilibres locaux entre les autres gaz et particules seront nécessairement affectés. Néanmoins, les impacts concrets ne sont pour l’instant pas bien compris. Il s’agit pourtant d’un enjeu majeur à l’heure où l’exploitation des énergies fossiles en Arctique devient un sujet brûlant. La diminution de la banquise permettant un accès toujours plus facile à des ressources encore inexploitées.

Riche en énergie, l’Arctique attire aujourd’hui toutes les convoitises. Crédits : Pixabay

« Cette recherche indique ce qui risque de se produire dans l’Arctique. Mais pas seulement dans la partie nord de l’Alaska ; à une échelle beaucoup plus large », souligne Jose D. Fuentes.

En conclusion, il convient de prendre ces résultats au sérieux et encourager d’autres travaux afin d’anticiper quelles seront les conséquences environnementales. « Nous avons besoin de plus d’observations pour comprendre comment nos décisions économiques – liées au développement et au transport maritime – impactent le système naturel par le biais de liens qui ne sont peut-être pas immédiatement évidents », rapporte Kerri A. Pratt, co-auteure de l’étude.

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