En France comme dans d’autres parties du monde, les apiculteurs subissent les ravages du frelon asiatique. Dans notre pays, certains professionnels réclament donc des mesures d’urgence pour tenter de sauver les abeilles. Depuis peu, un député tente ainsi d’agir afin d’instaurer une obligation quant à la destruction des nids de frelons.
Un classement en nuisible de catégorie 1 ?
Depuis l’arrivée du premier spécimen en France en 2004, le frelon asiatique (Vespa velutina) a envahi pratiquement toute l’Europe. Or, sa proie favorite n’est autre que l’abeille domestique, ce qui pose d’importants problèmes chez les apiculteurs, mais aussi pour la biodiversité. En effet, une trentaine de frelons est capable de venir à bout d’une ruche d’environ 30 000 abeilles. Or, les différents pièges mis au point ces dernières années, dont des pièges à phéromones, ne suffisent pas encore à endiguer le phénomène.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est amer : les cadavres d’abeilles s’entassent par centaines chaque jour chez les apiculteurs, incapables de protéger efficacement leurs ruches. La situation est si critique que les professionnels alertent régulièrement les politiques. L’appel s’est toutefois récemment fait entendre, comme l’explique Le Dauphiné Libéré dans un article du 3 novembre 2023.
Jean-François Lovisolo, député du Vaucluse pour le groupe Renaissance, a en effet formulé une demande auprès de Marc Fresneau, le ministre de l’Agriculture. L’objectif est de classer le frelon asiatique en tant que nuisible de catégorie 1, ce qui permettrait de coordonner les efforts de lutte à l’échelle nationale. Cette nouvelle loi potentielle obligerait notamment les particuliers à détruire les nids de frelons.

Quelle intervention de l’État face au frelon asiatique ?
À l’heure actuelle, il n’existe aucune loi obligeant quiconque à détruire les nids de frelons. Toutefois, il est possible de citer l’article L.2212-2 point 7 du Code général des collectivités territoriales. Il permet au maire d’une commune de prendre un arrêté afin de mettre fin à la « nuisance d’animaux malfaisants » tels que les frelons asiatiques. Néanmoins, Jean-François Lovisolo désire une obligation généralisée et des frais de destruction assumés par l’État. En effet, les frais sont aujourd’hui d’environ 150 euros par intervention, une somme que tous les particuliers ne peuvent pas forcément débourser. Ainsi, une prise en charge de l’État de la destruction des nids représenterait une réelle solution pour lutter contre le frelon asiatique.
Pour l’instant, les nombreux pièges anti-frelon représentent le seul moyen qu’ont les apiculteurs pour tenter de protéger leurs ruches. Toutefois, une partie de ces pièges n’emprisonne pas exclusivement les frelons, mais s’attaque aussi malheureusement à d’autres insectes importants pour la biodiversité dont les papillons, les guêpes et bien sûr les abeilles elles-mêmes.
Les apiculteurs et les quelques députés qui les soutiennent exigent donc que l’État mette tout en œuvre pour élaborer une stratégie efficace. Ces professionnels rappellent au passage que lorsqu’un berger subit des attaques de loups, il reçoit l’aide de l’État. Et même si environ 200 nouveaux pièges seront distribués aux professionnels au printemps 2024, nul doute que cela ne sera pas suffisant.