Depuis peu, une start-up européenne propose de considérer le combustible nucléaire usé comme une ressource. En effet, ces déchets – principalement du dioxyde d’uranium – contiennent encore près de 90% de l’énergie qui se trouvait dans l’uranium initial. Les ingénieurs ont présenté un projet visant à remettre au gout du jour une solution mise de côté il y a un demi-siècle : les réacteurs à sels fondus.
Une piste intéressante
La question du recyclage des déchets radioactifs revient très régulièrement. Effectivement, dans la mesure où des quantités très importantes de combustible nucléaire usé demeurent dans des conteneurs d’acier, dans des piscines profondes et se trouvent au cœur de nombreux projets d’enfouissement, la recherche de solutions de recyclage apparait cruciale pour un avenir plus durable.
Comme l’indique la plateforme Sustainability Times dans un article du 20 mai 2025, la start-up franco-néerlandaise Thorizon explore une piste intéressante. Les ingénieurs désirent réutiliser le combustible nucléaire usé – en majeure partie du dioxyde d’uranium – pour en faire une nouvelle source de production énergétique. Une donnée essentielle semble être le point de départ de cette idée : le combustible en question contient encore près de 90% de l’énergie qui se trouvait dans l’uranium initial.
Un maximum de 100 MW par réacteur
Concrètement, Thorizon pense relancer une idée mise de coté depuis la fin des années 1960 : les réacteurs à sels fondus (RSF). Comme l’explique l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) dans une publication d’avril 2025, les réacteurs à sels fondus sont des réacteurs à fission nucléaire dans lesquels le combustible prend la forme de sels fondus, ceux-ci se liquéfiant à des températures élevées et capables de stocker des quantités considérables d’énergie thermique à la pression atmosphérique.
La start-up ambitionne d’alimenter son RSF baptisé Thorizon One à l’aide d’un mélange se composant de combustible usé et de thorium, un métal radioactif trois à quatre fois plus abondant que l’uranium dans la croûte terrestre. Avec cette méthode, les ingénieurs pensent pouvoir produire un maximum de 100 MW, soit assez pour fournir de l’énergie à 100 000 foyers. Ainsi, ce type d’installation se classerait dans la catégorie des Petits réacteurs modulaires (SMR).

Crédits : A.Barber Huescar / AIEA
Des cartouches de combustible
Pour rappel, les SMR sont plus stables sur le plan thermique, notamment grâce à leur capacité à bien dissiper la chaleur. Surtout, ces réacteurs n’ont pas besoin d’être soumis à des pressions extrêmes, si bien que les conditions de sécurité sont plus rassurantes. En cas d’incident, le liquide peut passer à l’état solide très rapidement et donc, piéger les éléments radioactifs sans pression, limitant ainsi les risques d’explosion.
Enfin, il est important de souligner que Thorizon n’aura pas recours à la construction d’une grande cuve, comme c’est le cas pour les réacteurs conventionnels. En effet, il est davantage question d’un système de cartouches de combustible à placer dans des conteneurs métalliques modulaires. Ainsi, lorsque le combustible est épuisé, il suffit simplement de changer la cartouche. Ceci permet de limiter les manipulations dangereuses en confinant les zones les plus critiques, en cas de problème.