La mission Cassini rapporte l’apparition d’un nuage de glace qui va à l’encontre de tout ce que nous savons sur la manière dont les nuages se forment sur Titan.
Titan, l’une des principales lunes de Saturne, présente de nombreuses similitudes avec la Terre; parsemée de dunes, de lacs et de rivières, comme chez nous, à la différence que ces derniers ne sont pas constitués d’eau liquide, mais de méthane et d’éthane, avec une atmosphère composée à 95% d’azote. Mais il semblerait que la topographe de Titan ne soit le seul « point commun » partagé avec notre planète. Dans un article publié dans la revue Geophysical Research Letters, une équipe de chercheurs de la NASA rapporte l’apparition de nuages de gaz aux pôles de la lune en question, dans la stratosphère.
Or, il ne devrait pas être possible. D’où l’étrangeté de la nouvelle. Ces nuages sont composés de dicyanoacétylène (C4N2), un composé de carbone et d’azote, qui donne à Titan sa belle teinte orangée. Le dicyanoacétylène capture les morceaux de glace et permet de donner au nuage sa substance. Jusqu’ici, tout va bien. Sauf que dans la stratosphère de Titan, il n’y est pas censé y avoir de dicyanoacétylène.
« L’apparition de ce nuage de glace va à l’encontre de tout ce que nous savons sur la manière dont les nuages se forment sur Titan », rapporte Carrie Anderson de la Nasa.

Normalement, sur Terre comme sur Titan, les nuages se forment par condensation. Et pour que la vapeur se transforme en glace, il faut une température et une pression bien spécifique, une sorte de point d’équilibre. Sauf que pour que ce nuage découvert par Cassini se forme, il faudrait 100 fois plus de vapeur. Pour expliquer cet étrange phénomène, les scientifiques avancent néanmoins une hypothèse. Le processus de formation serait alors analogue à celui qui appauvrit la couche d’ozone aux pôles de la Terre, impliquant des réactions avec des cristaux solides plutôt que de la vapeur.
Le nuage impossible de Titan se formerait donc de la même manière. Comment est-ce possible ? Selon eux, il faudrait que des molécules de glace de cyanoacetylene et de cyanure d’hydrogène s’unissent. Une fois ces deux entités liées, il suffirait que les rayons ultraviolets du soleil impactent ces molécules pour créer une réaction chimique, formant ainsi de la glace de dicyanoacetylene, la fameuse qui compose le nuage.
Si cette hypothèse est vérifiée, cela confirmera que la chimie des nuages fonctionne de la même manière sur la Terre et sur Titan, malgré une composition de l’atmosphère très différente, précise la Nasa.
Décidément, Titan n’a pas fini de nous surprendre. Il y a quelques jours, des chercheurs de l’Université Cornell, aux États-Unis, rapportaient une preuve chimique suggérant que des conditions prébiotiques pourraient exister sur la lune.
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