Une nouvelle population de baleines bleues découverte

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Crédits : Robert Baldwin / Société de l'environnement d'Oman

Pouvant dépasser trente mètres de longueur et peser près de 170 tonnes, les baleines bleues sont les plus grandes créatures ayant vécu sur Terre. Avec de telles mensurations, difficile d’imaginer qu’une population entière puisse passer inaperçue pendant autant d’années. Et pourtant.

Toutes les baleines bleues entonnent des notes graves, mais nous savons que chaque population a ses propres partitions. Dans un article récemment publié, des chercheurs décrivent un nouveau chant qui se fait entendre de la Mer d’Arabie au sud-ouest de l’Inde, jusqu’à l’archipel des Chagos et au sud de Madagascar, dans le sud-ouest de l’océan Indien.

Une population inconnue

Le Dr Salvatore Cerchio, directeur du programme sur les cétacés du Fonds africain pour la conservation aquatique et scientifique, a enregistré ce chant pour la première fois en 2017. Il menait alors des recherches axées sur les rorquals d’Omura, dans le canal du Mozambique au large de Madagascar. La ballade était lente, hurlante, et distincte de tout autre chant de baleine jamais décrit.

Cerchio travaillait également avec une équipe recueillant des enregistrements acoustiques au large d’Oman, dans le cadre d’un effort de recherche axé sur la baleine à bosse de la mer d’Arabie, en danger d’extinction. Lors de l’analyse des données acoustiques d’Oman, l’équipe a reconnu le même chant inhabituel. Les chercheurs se sont donc interrogés, suggérant que ces notes pourraient être l’oeuvre d’une population de baleines bleues inconnue évoluant dans l’océan Indien occidental.

Puis, l’année suivante, l’équipe a fait part de ses conclusions au comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI), alors en train d’évaluer l’état des populations de rorquals bleus dans l’océan Indien. Les biologistes Emmanuelle Leroy et Tracey Rogers, de l’Université de la Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney (Australie) ont alors été surpris de constater que ce chant correspondait également à ceux qu’ils avaient enregistré quelques mois plus tôt au large de l’archipel des Chagos, dans le centre de l’océan Indien.

Autrement dit, trois équipes de chercheurs distinctes avaient enregistré les mêmes notes sur trois sites différents. Cette découverte a donc suscité beaucoup d’enthousiasme et soulevé de nombreuses questions sur les mouvements de ces baleines qui, visiblement, représentent une toute nouvelle population.

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Crédits : Robert Baldwin / Environment Society of Oman

Des résultats « très solides »

Naturellement, le fait d’identifier une nouvelle population de baleines bleues par des données acoustiques seules pourrait paraître précipité. Alex Carbaugh-Rutland, qui étudie les baleines bleues à la Texas A&M University, a toutefois souligné que ces résultats « étaient très solides« .

Des échantillons génétiques pourraient permettre de le certifier. Ces travaux demanderont en revanche encore du temps dans la mesure où ces grands mammifères passent la plupart de leur temps en haute mer. La chasse à la baleine, opérée aux 19e et 20e siècles, a également éliminé des centaines de milliers de ces animaux. On estime qu’il reste aujourd’hui entre 10 000 et 25 000 dans le monde.