Les restes d’un nouveau type d’humains découverts en Israël

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Crédits : Université de Tel Aviv

Une équipe de chercheurs annonce avoir identifié une nouvelle espèce du genre Homo en Israël. Ces individus ont probablement coexisté aux côtés des humains modernes et des Néandertaliens, partageant des connaissances et se croisant avec les deux groupes. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science.

Une nouvelle espèce du genre Homo

Il y a une dizaine d’années, une équipe de paléontologues dirigée par Israel Hershkovitz, de l’Université de Tel-Aviv, est tombée sur plusieurs ossements près de la ville de Ramla dans le centre d’Israël, sur le site de Nesher Ramla. À environ huit mètres de profondeur se dessinaient en effet les restes d’animaux (chevaux, aurochs et cerfs) et d’humains accompagnés de quelques outils. Dix années d’analyses ont finalement révélé que les ossements humains de Nesher Ramla appartenaient à un nouveau type d’Homo. L’individu aurait évolué il y a entre 120 000 à 140 000 ans.

Les os de cet humain suggèrent que cette espèce partageait des caractéristiques avec les Néandertaliens, notamment au niveau des dents et des mâchoires. En revanche, ils développaient des crânes ressemblant davantage à ceux de lignées humaines plus archaïques. À la différence des humains modernes, il n’avait pas non plus de menton.

Les chercheurs ont également comparé ces ossements avec d’autres fossiles « déconcertants » précédemment découverts en Israël. Les chercheurs ont évoqué ceux de la grotte de Tabun, vieux de 160 000 ans, ceux de la grotte de Zuttiyeh, vieux d’environ 250 000 ans, ou encore ceux de la grotte de Zuttiyeh, vieux de 400 000 ans. Après analyses de tous ces restes, l’équipe « a réalisé qu’ils appartenaient tous au même groupe« , note le paléontologue.

Ainsi, nous sommes probablement en face d’un nouveau type d’humains, mais cette espèce aurait également évolué dans la région sur une grande période de temps, il y entre 400 000 ans et 100 000 ans.

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Fossiles du crâne et de la mâchoire de l’homo Nesher Ramla découverts en Israël. Crédits : Université de Tel-Aviv

Une longue cohabitation

Ce n’est pas tout. Les chercheurs ont en effet découvert que les outils retrouvés à proximité de ces ossements (des pointes de lances ou de flèches). Ces nouvelles découvertes suggèrent que deux groupes d’humains ont vécu côte à côte au Moyen-Orient pendant plus de 100 000 ans, il y a entre 100 000 et 200 000 ans environ : cette nouvelle espèce, visiblement dans la région il y a environ 400 000 ans et 100 000 ans, et les humains modernes arrivés sur place il y a environ 200 000 ans.

Ces deux espèces ont alors probablement partagé des connaissances et des outils. Les chercheurs ont en effet découvert que les outils retrouvés à proximité de ces nouveaux ossements (des pointes de lances ou de flèches) avaient été fabriqués de la même manière que chez les humains modernes. Ils se sont également peut-être croisés.

Des études antérieures suggèrent en effet que l’ADN de l’homme moderne a intégré le pool génétique des Néandertaliens il y a environ 200 000 ans. Or, les preuves archéologiques soulignent que les humains modernes ne sont entrés en Europe pour la première fois qu’il y a environ 45 000 ans. Comment l’expliquer ? Hershkovitz et son équipe suggèrent que des « humains hybrides », fruits de l’accouplement entre Homo Sapiens et le groupe de Nesher Ramla, pourraient avoir introduit l’ADN de l’homme moderne chez les Néandertaliens européens.

Repenser les mouvements migratoires

Enfin, dernier point, la découverte de cette nouvelle espèce remet également en question la thèse privilégiée de l’émergence du Neandertal en Europe. « Les fossiles de Nesher Ramla nous font remettre en question cette théorie suggérant que les ancêtres des Néandertaliens européens vivaient déjà au Levant il y a 400 000 ans« , explique Israel Hershkovitz.

Si l’on en croit cette idée, de petits groupes du type Homo Nesher Ramla auraient donc migré vers l’Europe où ils ont évolué pour devenir les Néandertaliens « classiques ». « En fait, nos découvertes impliquent que les célèbres Néandertaliens d’Europe occidentale ne sont que les restes d’une population beaucoup plus importante qui vivait ici au Levant, et non l’inverse« , conclut le chercheur.