Une nouvelle espèce d’orang-outan découverte, déjà menacée

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(© Maxime Aliaga/Sumatran Orangutan Conservation Program, SOCP)

Des chercheurs annonçaient il y a quelques jours la découverte d’une nouvelle espèce d’orang-outan au nord de l’île de Sumatra, en Indonésie. Il s’agit de la première nouvelle espèce de grands singes confirmée depuis 1929. Aussitôt découverte, aussitôt menacée. Les détails de cette étude ont été publiés dans la revue Current Biology.

Ils vivaient reclus dans une petite colonie isolée à Sumatra. Une équipe internationale vient en effet de faire la découverte des membres d’une toute nouvelle espèce d’orang-outan (la 7e espèce de grand singe), présente dans le nord de l’île. Leur petit nombre en fait par ailleurs l’un des grands singes les plus menacés d’extinction sur la planète. « Ce n’est pas tous les jours qu’on trouve une nouvelle espèce de grands singes, ce qui rend cette découverte très excitante », se réjouit pourtant Michael Krutzen, de l’Université de Zurich en Suisse. « Les grands singes comptent pourtant parmi les espèces animales les plus étudiées au monde », note pour sa part Érik Meijaard de l’Université nationale australienne.

Baptisée Tapanuli (Pongo tapanuliensis), l’espèce ne compterait que 800 membres environ. L’examen du crâne et des dents d’un spécimen tué en 2013 avait mené les chercheurs à déceler certains traits uniques comparativement aux deux autres espèces d’orangs-outans (de Sumatra et de Bornéo). « Nous avons été surpris de voir que les caractéristiques du crâne étaient vraiment différentes de ce que nous connaissions jusqu’alors de ces grands singes », explique Matt Nowak, primatologue au Sumatran Orangutan Conservation Programme (SOCP).

L’analyse génomique de 37 individus suggère par ailleurs que cette nouvelle espèce se serait séparée des orangs-outans de Bornéo il y a environ 3 millions d’années. Ceux de Bornéo et ceux de Sumatra se seraient quant à eux séparés bien plus tard, il y a moins de 700 000 ans. « Les orangs-outans de Batang Toru (nouvelle espèce) semblent être les descendants directs des premiers orangs-outans qui avaient migré d’Asie continentale et constituent de ce fait la plus ancienne lignée de ces singes », note ainsi Alexander Nater, de l’Université de Zurich, un des coauteurs de la découverte.

L’équipe note par ailleurs l’urgence de mettre rapidement en œuvre des mesures de conservation pour veiller à ce que l’exploitation forestière illégale, la construction de routes et d’autres menaces humaines n’affectent la survie à long terme de l’espèce. Selon les chercheurs, même si le taux de mortalité de cette population reste inférieur à 1 % par an, cela serait suffisant pour conduire ces animaux à l’extinction. « Si 8 animaux sur les 800 sont tués par an ou s’ils sont retirés de la population d’une autre façon, l’espèce est perdue », préviennent les chercheurs.

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