Une équipe de paléontologues a récemment mis au jour une nouvelle espèce de crocodilien primitif, nommée Asiatosuchus oenotriensis. Cette découverte offre un éclairage fascinant sur la diversité des crocodiloïdes qui peuplaient l’Europe durant l’Éocène moyen, il y a environ 48 à 41 millions d’années.
Un nouveau représentant du genre Asiatosuchus
Le genre Asiatosuchus désigne un groupe éteint de crocodiliens connu pour ses espèces qui ont vécu principalement durant le Paléogène, en particulier l’Éocène, en Europe et en Asie. Caractérisés par un rostre généralisé (non allongé), ces crocodiloïdes bénéficient d’une diversité morphologique importante. Asiatosuchus a été établi pour la première fois par le paléontologue Charles Mook en 1940, avec l’espèce Asiatosuchus granger identifiée en Mongolie.
Asiatosuchus oenotriensis intégrait donc cette grande famille. Les fossiles de ce crocodile ont été découverts dans les années 1980 sur le site de La Laguna, situé près de Casaseca de Campeán, dans la province de Zamora.
Ce site est particulièrement significatif en raison de la qualité des restes trouvés. Ils comprennent un crâne presque complet et une mâchoire inférieure gauche presque intacte. La localisation de La Laguna, dans le bassin du Duero, le plus grand bassin continental cénozoïque de la péninsule ibérique, souligne également l’importance géologique de la région pour la paléontologie.

Que sait-on de ce crocodilien ?
La découverte des fossiles de cet ancien crocodile permet d’approfondir notre compréhension des conditions écologiques de l’Éocène. Notez en effet qu’à l’époque, il y a environ 48 à 41 millions d’années, l’Espagne présentait un environnement très différent de celui d’aujourd’hui. À cette époque, la région était largement couverte de forêts tropicales et subtropicales, avec un climat chaud et humide. Les rivières, lacs et zones humides étaient notamment abondants, créant des habitats aquatiques propices à la vie animale.
Les caractéristiques morphologiques de cette espèce de crocodile, notamment la structure de son crâne et de sa mâchoire, suggèrent qu’il était probablement un prédateur opportuniste, capable de se nourrir d’une variété de proies aquatiques telles que des poissons et d’autres animaux aquatiques.
De plus, la taille et la forme de ses dents indiquent une adaptation à une alimentation carnivore, tandis que la robustesse de son corps suggère qu’il pouvait se déplacer efficacement dans des habitats variés, allant des rivières aux lacs. L’environnement aquatique dans lequel Asiatosuchus oenotriensis évoluait pourrait avoir été riche en végétation et en biodiversité, offrant de nombreuses niches écologiques à explorer.
Cette découverte représente ainsi une avancée significative dans notre connaissance des crocodiliens primitifs. Elle souligne non seulement la richesse de la faune paléogène en Europe, mais aussi l’importance des sites fossilifères comme La Laguna dans la reconstitution de l’histoire naturelle. Les recherches futures sur cette espèce et d’autres du complexe Asiatosuchus promettent d’éclairer davantage la diversité et l’évolution des crocodiloïdes, tout en enrichissant notre compréhension des écosystèmes anciens.
L’étude est publiée dans The Anatomical Record.
