Des chercheurs se sont récemment penchés sur une nouvelle espèce de café plus résistante. « Coffea Stenophylla » (c’est son nom) pourrait bientôt remplacer l’arabica et le robusta, deux espèces phares menacées par le changement climatique.
Boire un bon café, un plaisir menacé
Plus de deux milliards de tasses de café sont consommées chaque jour dans le monde. Toutefois, cette industrie lucrative, qui ne dépend que des quelques pays producteurs par le biais de petits exploitants, doit aujourd’hui faire face de nombreuses menaces, telles que la hausse des températures liée au réchauffement climatique ou encore le déclin des abeilles indispensables pour polliniser les plantes.
Actuellement, environ 99% du café consommé dans le monde est issu de deux espèces de cafés et leurs nombreuses variétés : l’arabica et le robusta. L’arabica, qui domine actuellement 75% du marché, est la plus menacée par le changement climatique, car ces plantes ont besoin de conditions très spécifiques pour se développer.
Le robusta est quant à lui plus facile à produire. La plante est également plus résistante aux maladies et peut pousser à des températures plus élevées (jusqu’à 23°C). Cependant, dans un monde en constant réchauffement, ces moyens de défense pourraient eux aussi très vite ne plus suffire.
Les consommateurs de café n’ont, pour l’heure, pas à s’inquiéter, du moins, pas à court terme. En revanche, à long terme, l’avenir du café pourrait être sérieusement compromis si rien n’est fait pour préserver ces ressources clés.
En parallèle, des chercheurs commencent également à se tourner vers d’autres espèces capables de proposer les « mêmes services ». Et ça tombe bien, il pourrait y en avoir une.
Une nouvelle espèce bientôt dans nos tasses ?
Coffea stenophylla est une espèce sauvage relativement rare qui pousse en Haute-Afrique de l’Ouest. Des chercheurs des Jardins royaux botaniques de Kew, en Angleterre, et du Cirad, à Montpellier, ont récemment testé des échantillons de C. stenophylla pour déterminer son goût et utilisé des modèles pour évaluer le type de conditions dans lesquelles cette plante pourrait pousser.
Après avoir fait tester à l’aveugle cette espèce par un jury de spécialistes, les chercheurs ont déduit que Coffea stenophylla avait « une saveur comparable à de l’arabica haut de gamme« . Au cours de ces tests, plus de 80% des juges ont en effet cru reconnaître l’arabica en dégustant ce stenophylla, tandis que 42% des juges ont considéré que le goût de ce café représentait une nouveauté. Certains ont évoqué des notes de jasmin ou de rose qu’on ne retrouve pas habituellement dans l’arabica.
Côté résistance, les chercheurs ont déterminé que Coffea stenophylla peut gérer des températures allant jusqu’à 24,9°C, soit des conditions plus chaudes que les variétés C. arabica ou C. canephora (ce que nous appelons robusta).
Reste maintenant à confirmer sur le terrain les observations faites dans l’étude. Des semis sont désormais plantés pour évaluer la viabilité de la sténophylla en tant que source de café de haute qualité à l’avenir. En revanche, pour le goûter, il va falloir être un peu patient. « Je pense que d’ici cinq à sept ans, nous le verrons entrer sur le marché en tant que café de niche (de grande valeur)« , souligne à BBC News Aaron Davis, responsable de la recherche sur le café au Royal Botanic Gardens au Royaume-Uni . « Ensuite, ce café sera plus abordable et plus courant ».
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Plants.