Une nouvelle colonie de manchots cachée repérée depuis l’espace

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Crédit : Christopher Walton/BAS

Une nouvelle colonie de manchots empereurs a été repérée par accident sur des photographies satellites, trahie par la présence de guano (déjections) qui tachait la glace. On estime que la colonie est relativement petite : elle abrite environ 1 000 oiseaux adultes répartis en 500 couples reproducteurs. Cependant, pour une espèce aussi menacée, même les plus petites colonies sont importantes.

Les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) sont les plus grands et les plus lourds de tous les manchots. Ils atteignent en effet généralement un mètre de hauteur et pèsent jusqu’à 45 kg. Il a toujours été compliqué d’estimer le nombre de ces oiseaux emblématiques, ces animaux se reproduisant souvent dans des lieux très froids, éloignés et difficiles d’accès. Pour ces raisons, les chercheurs s’appuient parfois sur les images satellites offrant une vue d’ensemble de leur vaste territoire. Et visiblement, ça paye.

Plusieurs colonies visibles depuis l’espace

Il y a deux ans, des scientifiques de la British Antarctic Survey (BAS) analysant des images prises par les satellites Copernicus Sentinel-2, de l’Agence spatiale européenne, avaient découvert la présence de pixels sombres. Il s’agissait en réalité de tapis d’excréments (ou guano) de manchots. Grâce à ces matières fécales aperçues depuis l’espace, huit nouvelles colonies de manchots empereurs avaient alors été identifiées. Trois autres précédemment isolées avaient également été confirmées.

Cette même organisation vient d’identifier une autre de ces colonies grâce à ces fameuses matières fécales. Le chercheur Pierre Fretwell examinait la perte de glace de mer sur des photographies des deux satellites Copernicus Sentinel-2 lorsqu’il a repéré ce qui ressemblait à de petites taches brunes sur la glace.

Des photographies à plus haute résolution de la même zone prises par le satellite Maxar WorldView-3 ont ensuite confirmé la présence de la colonie près de Verleger Point, dans l’Antarctique occidental. D’après l’analyse des images, il pourrait y avoir environ 500 couples reproducteurs.

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On dénombre environ 66 colonies de manchots empereurs sur la côte de l’Antarctique. Le gros point rouge situe la nouvelle colonie découverte. Crédits : Peter Fretwell/BAS
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Voici une image à résolution moyenne prise par un satellite Copernicus Sentinel-2 en décembre. Les taches brunes visibles sur la glace sont du guano (des excréments). Crédits : Copernicus Sentinel-2/BAS
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Sur cette photographie haute résolution prise par le satellite Maxar WorldView-3, le guano et quelques manchots se distinguent plus nettement. Crédits : MAXAR Technologies/BAS

Une espèce menacée

Les manchots empereurs passent la majeure partie de l’été antarctique à plonger à la recherche de poissons, de crustacés et de krill. Cependant, ils se reproduisent et élèvent leurs progénitures pendant les sombres mois d’hiver à la surface de la banquise tassée, parfois à plus de cinquante kilomètres de l’océan ouvert. C’est le problème : ils dépendent principalement de la banquise pour survivre en tant qu’espèce.

Ces terres glacées se recomposent en effet de moins en moins à cause du changement climatique. Ces oiseaux subissent donc des échecs de reproductions qui pourraient au final condamner l’espèce tout entière. D’après une étude, ces oiseaux pourraient même disparaître avant 2100. Le fait d’isoler de nouvelles colonies est donc positif. On estime désormais le nombre de ces manchots à entre 500 000 et 600 000.